S'il ne prend pas le taureau par les cornes, le Japon finira comme la Grèce. Le discours de politique générale prononcé hier par le nouveau premier ministre, Naoto Kan, devant le Parlement est clairement destiné à créer un électrochoc.
«À l'image des problèmes dans la zone euro provoqués par la Grèce, il y a un risque d'effondrement si nous ne faisons rien contre l'augmentation des dettes publiques et perdons en conséquence la confiance des marchés d'obligations», a-t-il affirmé. La dette du Japon dépasse en effet 200 % du PIB (produit intérieur brut) et menace d'atteindre 246 % en 2014, d'après le FMI.
En réalité, il n'y a aucune chance que l'Archipel se retrouve dans la situation d'Athènes, puisque cette dette est détenue à 95 % par des investisseurs nippons et que les taux longs restent très bas, mais Tokyo redoute la réaction des agences de notation. En janvier dernier, Standard and Poor's avait rétrogradé la note de sa dette à long terme de «stable» à «négative».
Guy Sorman signait il y a quelques semaines dans Le Figaro un papier sur le Japon, dont la situation peut sembler de prime abord séduisante :
“les cent millions de Japonais produisent plus que les deux milliards et demi de Chinois et d’Indiens. Le Japon reste innovant : il s’y dépose plus de brevets par an que dans l’ensemble de l’Union européenne [29% des brevets dans le monde]. Même avec une croissance zéro, le pays peut tenir encore dix ou vingt ans”. Mais ce bilan admirable masque d'autres réalités puisqu' “au-delà, on ne sait pas”.
Naoto Kan, qui peut compter sur le soutien de 61,5 % de la population, selon un sondage réalisé mercredi, tire un trait sur plus de dix ans de politique économique qui a conduit le pays à s'asphyxier.
Il veut aller vite et lancer une refonte totale du système fiscal en engageant un «débat national au-delà des barrières partisanes» pour s'assurer le soutien de l'opposition. La reprise économique de l'Archipel, avec une croissance annualisée de 5 % au premier trimestre, lui en donne les moyens.
Spirale déflationniste
Il veut aller vite et lancer une refonte totale du système fiscal en engageant un «débat national au-delà des barrières partisanes» pour s'assurer le soutien de l'opposition. La reprise économique de l'Archipel, avec une croissance annualisée de 5 % au premier trimestre, lui en donne les moyens.
Spirale déflationniste
Le gouvernement, qui veut réduire les dépenses publiques superflues, se prépare parallèlement à réduire l'impôt sur les sociétés, qui, à 40 %, est l'un des plus forts des pays de l'OCDE. Cela permettrait aux entreprises de proposer des produits moins chers, réduisant du même coup l'impact de la hausse de la taxe sur la consommation.
«C'est courageux», observe un analyste financier français installé au Japon. Et Naoto Kan, pour une fois, peut s'appuyer en toute confiance sur le nouveau ministre des Finances, Yoshihiko Noda, adepte convaincu de la discipline budgétaire.
Seule ombre au tableau, le premier ministre ne peut pas renier les promesses sociales faites lors de la campagne de son parti. Or elles coûtent cher. La seule allocation pour les enfants poursuivant leurs études, lancée au printemps et destinée à lutter contre la dénatalité, représente 45 milliards d'euros par an. Et le ministre des Affaires sociales, Akira Nagatsuma, laisse entendre qu'elle pourrait prendre une autre forme qu'un versement en liquide aux familles. Mais «quand on prêche la rigueur de manière didactique, les Japonais comprennent parfaitement», tranche le banquier d'affaires, qui prend le pari que la révolution Kan l'emportera.
Par Arnaud Rodier
Source: www.lefigaro.fr
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