jeudi 1 mars 2012

La longueur du printemps syrien inquiète les partis en présence


Depuis plus d’un an, le printemps arabe multiplie les saisons sous le même thème. La Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Yémen ont connu bien des soubresauts, mais dans d’autres pays arabes, les  manifestations furent sévèrement réprimées dans le sang et finalement rien n’a changé. Tel est le cas du Bahreïn. 
Les révolutions de couleurs ne sont autorisées que dans la mesure où elles favorisent les desseins de l’establishment américain. Aujourd’hui, le cas de la Syrie semble poser problème. 
La situation est d’autant plus complexe que la Russie est sortie du bois pour dire : Veto ! 
Il est vrai que le cas syrien est à part, car les conséquences d’un bouleversement du pouvoir auraient des implications sévères du point de vue stratégique, régionale, religieuse, etc. Olivier Roy, un historien français du Moyen-Orient, a raison de dire : “La Syrie est presque le seul pays où le printemps soi-disant arabe pourrait changer le concept géostratégique de la région”. Un renversement de pouvoir en Syrie entraînerait nécessairement un nouveau paysage régional. Or l’Iran n’est pas très loin… dans le scénario des Elites américaines.
Pour le moment, on voit les grandes puissances s’acharner à imposer leurs vues en poussant El-Assad dehors, ou en le protégeant. Rappelons que depuis de nombreuses décennies, la Syrie a été le pivot de la sécurité du Moyen-Orient. C’est par exemple, grâce à la Syrie, que Russes et Iraniens ont pu étendre leur influence régionale. 
Par la Syrie, Washington assurerait une frontière stable pour Israël, malgré le soutien syrien au Hezbollah, au Liban, et au Hamas, dans les territoires palestiniens. 
Tout le monde s’accordait avec une Syrie pacifiée. Cette fois, les forces obscures de l’Occident veulent introduire quelque chose de nouveau et de… dangereux. Nous en reparlerons prochainement dans la lettre LIESI, car cela va nécessairement impacter douloureusement notre quotidien. Ces forces obscures occidentales à l’origine du printemps arabe, qui cherche à renverser le pouvoir syrien, vont probablement bouleverser le paradigme actuel et opposer les Etats-Unis (et ses alliés) à la Russie (et ses alliés). Ces forces obscures poussent manifestement à la violence et intensifient les tensions sectaires entre chiites et sunnites, entre l’Iran et l’Arabie saoudite, ainsi que quasiment tous les pays du golfe Persique. 
Rappelons que le gouvernement de M. Assad est dominé par les Alaouites minoritaires, une émanation de l’islam chiite. Les Iraniens sont chiites, comme le sont les dirigeants actuels en Irak. Les Saoudiens, et la plupart des États du Golfe sont sunnites.
Pour Anne-Marie Slaughter, professeur à Princeton, le fait de laisser libre cours à une guerre civile en Syrie est une politique extrêmement dangereuse. Cela peut être le catalyseur d’une guerre, par procuration, entre les Etats du Golfe et l’Arabie Saoudite contre l’Iran. Et Israël est aussi sur place. Ce qui a été allumé en Syrie implique désormais de nombreux acteurs, des poids lourds sur l’échiquier régional. 
Citons : la Russie, l’Iran et la Turquie. 
Pour ces raisons et à cause de l’enlisement du printemps syrien, Washington est en train de mesurer les risques actuels et freine désormais les faucons qui réclament une intervention brutale. Manifestation évidente des contradictions de la politique de l’administration Obama sur ce point. L’enlisement du printemps syrien complique sûrement le programme en cours de développement. En outre, la campagne présidentielle américaine avance et se rapproche chaque jour du terme. 
Washington ne cherchera sans doute pas à prendre un risque supplémentaire sur ce sujet avec une intervention militaire. Les experts du Pentagone devraient se ranger à cette option puisque les Syriens disposent d’un système intégré de défense aérienne, fourni par la Russie. Certains analystes estiment que l’administration Obama va désormais limiter l’armement des groupes d’opposition syriens. Certaines armes légères parviennent aux rebelles via la Jordanie et le Liban, mais elles sont insuffisantes pour faire une différence significative.
Il ne faut pas pour autant conclure que le gouvernement de El-Assad soit certain de survivre. Tout est compliqué dans cette affaire et il est tout aussi évident que les forces à l’origine du printemps arabe cherchent, c’est si évident, un embrasement de cette région. L’explication est très certainement liée au pétrole.
A l’heure actuelle, on peut raisonnablement avancer que de nombreux acteurs ont tout intérêt à jouer l’accalmie. N’oublions pas, par exemple, que la Turquie partage une frontière avec la Syrie. Ankara craint désormais une instabilité croissante liée à l’arrivée de nombreux réfugiés. 
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également intérêt à favoriser la pacification régionale afin de mieux se préparer au scénario iranien. Complexité de l’issue du drame syrien ? Une source de l’administration américaine a confié qu’un membre important de la famille Assad avait transféré des fonds importants à l’étranger. 
En outre, un haut responsable de la sécurité syrienne a récemment déménagé sa famille en dehors du pays. Tout peut survenir, tandis que l’Occident s’empêtre dans des politiques de planche à billets massives pour sauver (provisoirement) ses banques.
Source : 

L.I.E.S.I.

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