dimanche 24 mars 2013

Braquage à la chypriote (ultimatum et contagion)







Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

C’est ma femme qui m’a déniché cette perle dans l’actualité. Lorsqu’elle m’a vu m’emparer aussi tôt de « son » sujet elle m’a fait part de son opposition la plus totale au fait que je vous en parle…
Trop polémique, trop compliqué, trop de risque de tomber dans l’handicapophobie, l’handicapohomophobie (un handicapé peut être aussi homosexuel) ou pourquoi pas l’Islamohandicapohomophobie (un handicapé pouvant être pourquoi pas handicapé, musulman et homosexuel) mais cela doit fonctionner également pour les catholiques, les personnes de confession juive (histoire de parler de tout le monde) et de façon générale toutes les différentes communautés...

Le sujet ? C’est que l’Essonne veut payer, avec votre argent, une « assistance sexuelle » (je vous rappelle que la police de la pensée veille on n'a plus le droit de dire "pute") aux personnes handicapées. Alors nous verrons sans doute bientôt des agents de la fonction territoriale apporter de l'assistance sexuelle à la demande. "Ici Essonne assistance sexuelle j'écoute? Oui?... Alors nous pouvons vous proposer Biiiiiiiiiiiiiiiiiiip" (la police de la pensée veille toujours et en plus je pense que ma femme a été recrutée et comme ici la patronne c'est elle je ne pourrais pas vous en dire tellement plus ce soir).


Alors après les précautions d’usage oratoires indispensables je traiterai ce sujet d’un point de vue économique, puisque ce qui nous intéresse ici c’est évidemment l’impact économique des choses. Vous allez voir cela va nous changer de Chypre… bien que tous les chemins mènent à l’insolvabilité des états… Non en fait non, j’en ai déjà trop dit, ma femme hurle derrière l’écran en devenant toute rouge, et en me disant « arrête, arrête tu vas déraper ». Je suis pourtant bien assis dans mon fauteuil je ne vois pas pourquoi je déraperai mais bon, elle est de bons conseils ma femme, alors revenons à notre affaire du moment. Chypre.


L’ultimatum de la BCE à Chypre

Finalement d’après les dernières informations dont nous disposons, la BCE continuerait à fournir une aide d’urgence au système bancaire chypriote. Cette aide en liquidités sera stoppée dès la semaine prochaine, en cas d’absence d’acceptation d’un plan de sauvetage crédible, précipitant le système bancaire dans la faillite.


Chypre : où en sommes-nous ?

Les banques qui devaient rester fermées qu’un jour ou deux le seront finalement au moins jusqu’à mardi prochain. L’important dans tout cela étant la nuance qu’apporte l’expression « au moins ». En effet cela pourrait durer beaucoup longtemps.

Remarquez il ne faut pas que cela dure trop non plus, car les chypriote pourraient montrer à la planète entière que finalement avec une liasse de billets et sans banque on peut aussi réussir à s’en sortir… Cela serait désastreux pour l’industrie bancaire.

La situation semble très compliqué et tout semble possible. Les négociations avec les russes n'ont pas donné grand-chose. Les européens sont d'ailleurs arrivés aujourd'hui à Moscou pour faire le siège du gouvernement russe. Du côté chypriote on semble toujours refuser la taxe sur les dépôts et ils viennent de créer un fonds de solidarité... dans lequel on attend avec impatience de voir les "solidaires" qui vont aller faire un don au "Chyprothon".


La contagion ! Espagne et Nouvelle-Zélande veulent taxer les dépôts

L’affaire chypriote semble donner quelques idées sympathiques à d’autres gouvernements en détresse financière. Je pense bien sûr à l’Espagne et à la Nouvelle-Zélande.

L'Espagne veut aussi instaurer une taxe sur les dépôts bancaires et Madrid pourrait lever auprès des banques une taxe de 0,2 % sur le montant des dépôts qu'elles détiennent.

Evidemment c’est trèèèèès différent. L'Espagne affirme que cet impôt nouveau n'a rien à voir avec celui de Chypre.

En effet cet « impôt » ne sera pas en effet directement payé en débitant les comptes des épargnants, mais il sera levé sur les banques !

Effectivement cela change tout. Comme disait la « Belle Kacem » porte-parole du gouvernement, Chypre n’a pas su bien présenter le plan de sauvetage. J’adore ce genre de commentaire. Ce n’est pas tant l’idée qui est mauvaise que la brochure commerciale qui ne donnait pas assez envie aux épargnants de se précipiter vers la tonte.


Alors en Espagne on fait attention au marketing de la ruine. On commence par instaurer une « taxe » (c’est un mot connu du petit peuple), que l’on fait payer par les banques. A charge pour elles (comme de toute façon tout le monde déteste les banquiers on se fiche comme d’une guigne de leur popularité) de refacturer tout cela à leurs clients. Cette année ce sera du 0,2% qui viendra donc en déduction des intérêts que vous auriez dû percevoir sur vos placements. En clair, vous allez encore gagner des sous mais moins. Puis un jour ce sera 1, puis 2 puis 3% et vous commencerez à perdre carrément des sous… mais ce n’est pas faute de vous prévenir.

De l’autre côté de la planète et pourtant dans un pays anglo-saxon, dont on parle très peu ici à part il y a 20 ans lors de l’affaire du Rainbow Warrior, la Nouvelle-Zélande qui fait face elle aussi à une faillite bancaire généralisée similaire à Chypre, est susceptible d’adopter la même solution de taxation des dépôts. Le Ministre des finances Bill English appuie en tout cas une telle solution.


Vers la sortie de Chypre de la zone euro ?

Enfin ce soir les rumeurs se font de plus en plus insistantes sur une éventuelle sortie de Chypre de la zone euro qui reprendrait sa propre monnaie (la livre chypriote) dès mardi prochain. Cela pourrait créer une onde de choc considérable et montrer que l’euro n’est pas une autoroute sans sortie et que l’on peut aussi changer de direction. Ce serait, à mon sens, une nouvelle extraordinaire qui ne manquerait pas d’entrainer, même si c’est progressif, un mouvement de contagion que rien ne pourra arrêter.

Mais c’est peut-être pour ne pas dire sans doute, ce qui est recherché et sans doute par nos grands « zamis » allemands. On ne peut demander aux allemands qui n’en ont de toute façon pas les moyens de payer pour les Portugais, les espagnols, les italiens ou encore les français.

A partir d’un moment, ce sera à chaque état de prendre ses responsabilités et de faire payer ses épargnants.

Mes chers contrariens, planquez vos sous car ils commencent à tenter beaucoup trop de monde à mon goût.

Alors comme on dit en Hollandie, il va falloir payer… et le paiement c’est maintenant!

Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com

Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. 

Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). 

Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires. Il est actuellement le directeur des études économiques d'Aucoffre.com

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