mercredi 1 février 2012

Le Capitalisme déconcertant : le sous investissement des entreprises américaines


Ce nouveau billet complète et enrichit la démarche que nous avons entreprise depuis le mois de juillet. Il apporte une contribution utile à l’intelligence d’un phénomène central : la sous accumulation du capital aux USA dont nous avons fait un élément essentiel de de la compréhension de la crise
Il poursuit notre enquête sur les causes de la sous accumulation du capital : l’appétit dévorant des propriétaires d’entreprise et des gros détenteurs de patrimoine pour une part grandissante de la valeur ajoutée de l’économie américaine, cet appétit s’exerçant au détriment de l’investissement productif depuis une trentaine d’années.
Nous avons pris dans ce post pour objet le Non Financial Corporate Business (NFCB), ce sont les entreprises anonymes américaines. Nous voulons poser une question simple à ce secteur de l’économie américaine qui représente entre 65 % de la valeur ajoutée par les entreprises privées. Comment expliquer les logiques de patrimonialisation financière des actifs de ces sociétés qui s’accompagnent d’une tendance historique au sous investissement ?
Pour traiter cette série de questions, nous avons utilisé les Integrated Macroeconomic Accounts (http://www.bea.gov/national/nipaweb/Ni_FedBeaSna/Index.asp.) Ces séries statistiques sont coproduites par la FED et le Bureau des Analyses Economiques (BEA). Rarement utilisées, elles présentent l’insigne avantage de donner des détails sur la comptabilité des entreprises anonymes américaines que le BEA n’offre pas. Elles ont l’inconvénient de donner des chiffres différents de ceux de la FED et du BEA.
Notre post suivra un plan logique. Il mesurera les tendances à la patrimonialisation des actifs des entreprises et à l’accumulation du capital des sociétés anonymes américaines (A). Il examinera ensuite la capacité de financement des investissements additionnels des sociétés anonymes pour mesurer leur marge d’autofinancement. Nous prendrons pour base de notre examen le cycle simple du capital productif (B). Ce cycle simple sera confronté aux réalités des comptes des entreprises américaines dont le patrimoine financier est aussi porteur d’intérêts et de dividendes payés et reçus. On confrontera ces dividendes et ces profits reçus en contrepartie de leur patrimoine avec les dividendes et les intérêts payés sur les crédits contractés par les entreprises du Corporate business. On portera une attention particulière aux mouvements des capitaux entre le secteur du Corporate business des USA et le reste du monde (C). On examinera au final les rivalités patrimoniales se jouant autour de la partie de la valeur ajoutée disputée entre les entreprises du NFCB et le reste des détenteurs de patrimoine (D).
Nous exprimons rarement nos sentiments sur ce blog. Nous devons cette fois avouer que nous avons été décontenancés par ce que nous avons constaté. Le NFCB offre l’exemple d’un capitalisme déconcertant. Le lecteur qui ira au bout de cette petite étude restera sans voix. Nous pointerons ce qu’il y a d’extraordinaire – et même de fou – dans le fonctionnement du capitalisme américain – dont le NFCB est le cœur - depuis une trentaine d’année. Nous rattacherons, bien entendu, ce post à la problématique plus générale de la crise dont il éclaire quelques aspects.
A – Taux d’investissement et structure des actifs des entreprises anonymes
Nous avons mesuré le taux d’investissement ou d’accumulation du capital en prenant pour base la valeur ajoutée produite par les entreprises du NFCB
Les taux d’investissement des entreprises du NFCB expriment une tendance à la chute du taux d’accumulation un peu moins marquée que celle que nous avons calculée avec les données du BEA. Ce qui est normal puisque le NCFB exclut le secteur financier (Financial Corporate business) et les entreprises détenues à titre privé (Non Corporate Business).
Hormis les années Clinton, la tendance de l’accumulation du capital est baissière. Taux brut et taux net d’investissement (investissement brut – consommation de capital fixe) chutent de 1980 à 1991-1992, puis de 2000 à 2010. Il y a bien des périodes de reprise de l’investissement brut et net mais globalement la tendance à la baisse des taux d’investissement domine l’essentiel des trente dernières années.
Les entreprises NFCB ont donc négligé leur investissement productif sur longue période comme l’atteste ce graphique. La valeur ajoutée n’a pas servi à nourrir un investissement croissant. Il ne faut pas incriminer les coûts directs et indirects du travail. Durant les trente dernières années, ils ont été orientés à la baisse à’exception de quelques années précédant la crise. Il ne faut pas plus évoquer les impôts pesant sur les sociétés, les sociétés ont bénéficié aux USA d’une pression fiscale modérée depuis une trentaine d’année. Il nous faut donc soulever une question : comment expliquer ce phénomène de chute de l’accumulation du capital ? Il faut nous tourner vers la structure des actifs des sociétés du NFCB pour répondre à cette question.
Les actifs des sociétés anonymes non financières ont connu une évolution faisant apparaître le rôle croissant des actifs financiers dans leur patrimoine. La césure historique se marque en 1980. À partir de cette date, les actifs financiers des entreprises anonymes non financières passent la barre des 20 %, les 50 % sont atteints en 2001 et depuis cette date, il y a stabilisation.
On peut attribuer la faiblesse de l’accumulation à la part grandissante des actifs financiers. Ils impliquent inévitablement que la part des investissements dévolue aux actifs tangibles recule. La patrimonialisation financière des entreprises est donc une des causes de la baisse de l’investissement productif aux USA.
Depuis 1980, le capitalisme américain, dominé par le NFCB, démontre qu’il n’est plus un capitalisme de conquête et de compétition. Un capitalisme relevant les défis de la globalisation aurait dû accumuler infiniment plus pour soutenir son rang. Les investissements additionnels sont à ce titre éclairants, leur baisse indique que les sociétés anonymes n’ont pas cherché à réaliser des gains de productivité important en augmentant la teneur en capital de leurs actifs et de leur production. Les entreprises anonymes américaines ont simplement profité des progrès techniques et scientifiques incorporés à des moyens de production qu’ils ont remplacés sans chercher à en augmenter fortement le volume et l’efficacité en augmentant le taux de formation net du capital. Comme nous avons essayé de le montrer dans d’autres posts, la sous accumulation du capital est responsable de la crise présente, elle a condamné le capitalisme américain à mettre en place une croissance nationale dans les déséquilibres. C’est cette croissance qui est entrée en crise longue en 2007-2008.
B – Cycle simple du partage du Profit.
Ce que nous appelons cycle simple du partage du profit est l’opération qui consiste à diviser le produit de la valeur ajoutée réalisée par les entreprises du NFCB pour en garantir la reproduction. Il s’agit bien entendu ici d’une fiction puisque les entreprises du NFCB ont financiarisé leurs actifs. Nous faisons donc comme si cette financiarisation n’existait pas et que les entreprises du NFCB ne faisaient que payer leurs dividendes et les intérêts de leurs emprunts
Cette division se réalise entre :
- L’usure de capital fixe formant une fraction du cash flow destinée à être réinvestie en moyen de production nouveau sur échelle simple (1/1) ;
- les coûts directs et indirects du travail
- Le profit se divise ensuite en profit versé aux actionnaires sous forme de dividende et en profit non distribué restant à l’entreprise.
- Les profits non distribués peuvent servir soit à couvrir le montant d’investissement additionnel futur (échelle de reproduction élargie à 1/1+n étant le capital additionnel) , soit à rembourser des intérêts d’emprunts contractés pour couvrir l’investissement s’il a été fait appel au crédit.
Il nous faut donc examiner le bilan des entreprises américaines en nous posant une question simple : .../
les profits non distribués permettaient-ils de couvrir les investissements additionnels étant entendu que l’investissement brut des sociétés anonymes est pour parti couvert par la valeur des consommations de capital fixe transmises à la valeur ajoutée lors de la création de biens et de services vendus par les entreprises ? L’investissement additionnel est en effet toujours égal à l’investissement brut moins les consommations de capital fixe. Et puisqu’il est additionnel, il faut mettre en face de lui un profit non distribué nouveau qui en couvre le montant. Le solde permettra de mesurer la part des profits non distribuée permettant de couvrir les intérêts.
Le graphique indique assez clairement comment se répartit la valeur entre les entreprises et les actionnaires. Les profits après impôts (Net operating surplus) sont partagés entre les actionnaires et les entreprises. Après la distribution des dividendes (distributed income of corporations), il reste un solde ou profit non distribué revenant aux entreprises. Ce solde est très largement supérieur aux investissements nets des entreprises anonymes non financières.
On peut en tirer deux conclusions : les entreprises américaines du NFCB disposaient de capacité d’autofinancement leur permettant d’investir et de couvrir une formation plus importante de capital additionnel - ou investissement net - par leurs ressources propres. L’autofinancement permettait d’accumuler plus de capital.
Elles pouvaient sans difficulté faire appel au crédit si elles désiraient investir encore plus plus. Dans ce dernier cas, elles auraient pu rembourser le principal et les intérêts d’emprunts massifs par la simple augmentation de leur échelle de production (Echelle 1/1 + n + Emprunt ou x). Nous ne développons pas plus l’argumentation en examinant les gains de productivité.
Nous en concluons que les USA n’étaient pas inexorablement condamnés à la crise. C’est la contraction relative des investissements productifs des entreprises du NFCB qui est la cause essentielle de la crise actuelle et des mille et un déséquilibres de la croissance américaine.
Les marges d’autofinancement que nous avons calculées montrent fort bien que les entreprises anonymes non financières disposaient des moyens pour couvrir ces investissements additionnels. Ces marges sont entre 1980 et 2010 presque toujours au-dessus de 40 % et deux années sur trois, elles sont de plus de 50 % des investissements directs. Les taux nets et bruts d’accumulation auraient pu être beaucoup plus élevés.
Les entreprises américaines ont donc toujours disposé de capacités financières propres leur permettant de soutenir des niveaux d’accumulation du capital plus élevé. Le secteur productif n’a jamais manqué de moyens pour relever les défis de la compétition mondiale. Il a donc fallu qu’une autre logique intervienne. Cette logique explique la patrimonialisation financière des entreprises et les phénomènes déconcertant dont allons faire l’examen.
C – Le capitalisme déconcertant : les comptes réels des sociétés non financières américaines
a) Les comptes des entreprises financiarisés
Le revenu disponible des entreprises anonymes non financières est leur épargne nette. L’épargne nette ne se confond pas avec les profits non distribués. Nous envisageons dorénavant une somme d’opérations complexes faisant intervenir les intérêts reçus et payés, les dividendes distribués et reçus, les gains des investissements directs réinvestis par les sociétés américaines et les sociétés étrangères appartenant au NFCB. Nous entrons donc au pays du capital financiarisé.
Les comptes réels des entreprises anonymes non financières font au final apparaître des résultats bien différents de ceux que nous venons de présenter. Comme le montre ce graphique, les marges de financement ont parfois été négatives (Net Investment inférieur au revenu disponible des entreprises) ; elles ont été le plus souvent très légèrement supérieures aux investissements nets.
Les capacités d’autofinancement des sociétés américaines semblent donc se réduire dès que nous examinons les comptes réels. Encore faut-il pour parvenir à cette conclusion ne pas aller fouiller dans les détails. C’est justement ce que nous allons faire :
nous allons examiner les soldes des opérations financières des entreprises américaines.
1° Le solde des dividendes
Commençons par le solde des dividendes. Ce solde fait apparaître un résultat très nettement défavorable aux entreprises américaines. Le solde des opérations sur dividende montre un écart très net entre les dividendes distribués et les dividendes reçus.
On peut en tirer une première conclusion : les entreprises américaines semblent avoir opté pour une patrimonialisation de leurs actifs afin de diminuer la pression qu’exerce sur leurs comptes le versement de dividendes très élevés aux actionnaires. C’était la seule façon de supporter le poids des dividendes distribués.
2° Le solde des placements financiers
Le solde des placements financiers (Property income) permet de faire un constat similaire. Sous ce nom se dissimulent les intérêts payés sur leurs emprunts et reçus sur leurs actifs par les entreprises anonymes du NFCB. L’expression solde des placements financiers est impropre, nous la retenons afin de faciliter la distinction entre des différents éléments de la balance des comptes financiers des entreprises américaines. Le revenu des placements financiers - hors balance des dividendes - est négatif car les intérêts payés sont très largement inférieurs aux intérêts reçus.
La patrimonialisation financière des entreprises du NFCB revêt à nouveau une forme paradoxale : il semble que les intérêts reçus sur les actifs financiers des entreprises américaines se trouvent venir compenser des versements d’intérêt faramineux. On peut identifier derrière ce déséquilibre une tentative de limiter le poids du financement des entreprises américaines par le système financier hors marché boursier.
3° Le solde des gains réinvestis par les entreprises américaines et étrangères.
Ces mystérieux Reinvested Earnings sont en fait les gains des filiales des sociétés anonymes américaines possédant des investissements directs à l’étranger et des entreprises étrangères possédant des filiales aux USA. Ils sont l’expression comptable des opérations faites entre les sociétés mères et leurs filiales américains et étrangères
Ces gains réinvestis sous forme de placement direct nous intéressent, il s’agit en fait de sortie et d’entrée de capital-argent dont le solde soulage l’effort d’investissement des sociétés anonymes américaines puisqu’il entre dans le calcul du revenu disponible des entreprises américaines. Ces gains ont donc partie liée avec les capacités financières d’accumulation des sociétés américaines. Pour simplifier, nous les appellerons gains des filiales réinvestis.
C’est le solde des opérations sur les gains des filiales qui permet de corriger la situation désastreuse créée par les ponctions des dividendes et des intérêts sur les entreprises non financières américaines du NFCB. C’est donc le renfort des gains des filiales américaines qui permet aux entreprises anonymes non financières des USA de contenir les effets des soldes négatifs des intérêts des placements et des dividendes sur leur niveau d’accumulation.
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Pour résumer, les comptes des sociétés montrent que les entreprises américaines ont dû se patrimonialiser financièrement pour limiter les effets des ponctions réalisées par le versement cumulé des dividendes et des intérêts. Et ce sont des opérations faites avec l’étranger (solde des gains des filiales réinvestis) qui leur permettent d’amortir le poids écrasant des dividendes et des intérêts versés.
Nous ne sommes plus vraiment dans une logique économique centrée sur les entreprises. Nous sommes entrés au pays du capitalisme déconcertant. Il est en effet étrange que des entreprises gonflent leurs actifs financiers depuis les années 80 pour amortir la pression du versement des intérêts et des dividendes. Chose plus surprenante, les entreprises du NFCB agissent à la manière des USA. Les USA refinancent leur déficit extérieur par une ponction sur l’épargne mondiale qui entre aux USA et leur sert d’épargne nette importée, les entreprises refinancent leurs comptes déséquilibrés par un jeu comptable à l’avantage des entreprises américaines, elles dégagent des soldes positifs avec leurs filiales et peuvent ainsi se permettre d’investir plus que ne le permettrait l’épargne nette des entreprises américaines du NFCB.
En fait nous sommes tout près de toucher du doigt les raisons de ce mode de fonctionnement aberrant qui finit par générer de la sous accumulation du capital pour que les entreprises non financières puissent supporter des masses d’intérêts et de dividendes dont elles ne pourraient supporter le poids sans disparaître. Les sociétés anonymes montrent que le capital réel est depuis des années placé sous la pression des patrimoines des ménages américains, et parmi eux des américains les plus aisés qui en détiennent une part essentielle.
D – La rivalité patrimoniale et l’aliénation du système productif.
Les entreprises du NFCB ont dû se patrimonialiser financièrement et faire appel à des gains extérieurs aux USA pour résister à la pression des intérêts et des dividendes qui sont en dernière analyse captés par les ménages détenant la plus grosse part du patrimoine financier national. Ces ainsi qu’elle réussissent à enregistrer des soldes des dividendes et des intérêts moins douloureux pour leur comptabilité. Les entreprises sont en fait des pompes à revenus pour les ménages américains. Elles tentent comme elles peuvent de récupérer une partie de ce que les dividendes et les intérêts payés leur prennent sur leur profit. Le progrès de la patrimonialisation financière des actifs n’a pas d’autre origine. C’est une lutte autour des revenus financiers pour ne pas trop perdre de capital sur le terrain des intérêts et des dividendes. Cette lutte prend la forme d’une concurrence patrimoniale redoublant la concurrence des marchés dans l’économie réelle. Les entreprises du NFCB doivent donc se battre sur deux fronts, elles doivent concourir dans deux espaces de rivalités économiques : l’espace productif et l’espace patrimonial.
Les comptes réels s’expliquent-ils par la défense de la rentabilité des entreprises du NFCB et de leur capacité d’investissement ?
En fait, elle ont accumulé des patrimoines financiers pour survivre. Elles n’y ont donc pas gagné une meilleure rentabilité (CF Point B), elles ont pu dégager des niveaux de revenu disponible et d’épargne suffisants pour couvrir leurs investissements additionnels que la pression des intérêts et des dividendes auraient écrasée. Les entreprises américaines ont ainsi pu trouver leur salut en participant à la rivalité patrimoniale. D’où la déformation de la structure de leurs actifs au profit de la finance qui a sans doute atteint un maximum de 50 % à la fin des années 90. Au delà de 50 % les entreprises devraient mordre sur le niveau minimum de leur volume d’actif productif et réduire la taille des moyens de production. Elles ont donc de facto dû sous accumuler dans un contexte de double concurrence très défavorable.
Et elle n’ont même pas utilisé à plein ce revenu disponible pour augmenter l’échelle de la production en soutenant des taux d’accumulation maximaux. L’épargne des entreprises s’est de fait partagé nécessairement entre les investissements productifs et les investissements financiers afin que ces derniers puissent alléger le montant des intérêts et des dividendes qu’elles doivent verser. La patrimonialisation financière a agi au rebours de l’accumulation du capital qui s’est trouvée privée de capacité d’investissement captée par les revenus financiers. L’existence du NBFC est ainsi devenue en permanence précaire.
Le jeu des patrimoines financiers explique donc en partie la sous accumulation du capital aux USA. Il fallait que les entreprises se patrimonialisent financièrement. Il y a eu dans cette partie un grand perdant : l’investissement et les salariés qui ont dû se serrer le ceinture. Il y a eu de grands gagnants : les détenteurs de gros patrimoines et accessoirement les entreprises financières du Corporate Business qui seront examinées dans un post prochain.
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Conclusion
Il faut aussi tirer de tout cela les conclusions sociales qui s’imposent. Les intérêts et les dividendes venant grossir les plus gros patrimoines, le paiement de forts dividendes nets par les entreprises et de forts intérêts nets suppose que le système productif se soit littéralement aliéné à la formation de fortunes concentrées dans le Top 10-5-1% des ménages les plus riches. C’est ce qu’indique assez clairement les comptes des entreprises anonymes, ces comptes montrent que les entreprises en se patrimonialisant financièrement ont littéralement plié devant les intérêts – politiquement organisés – des américains les plus riches. C’est pour cela que l’accumulation dans le secteur des entreprises anonymes n’a pas été dynamique. On nous objectera à juste titre que tous les américains détenteurs de patrimoines financiers – même de taille très modeste – ont participé à ce système. C’est vrai, mais une minorité d’entre eux en a profité infiniment plus et pèse politiquement d’un poids hors de proportion avec leur importance numérique.
Le mouvement vers la patrimonialisation ne s’est pas fait pour améliorer la rentabilité des entreprises, les entreprises n’ont pas choisi de gonfler leur patrimoine pour participer à la curée des intérêts et des dividendes. Elles l’ont fait aux limites de leur capacité d’accumulation tout en devant régulièrement prendre garde à l’équilibre de leur compte d’exploitation. Il y allait de leur survie. L’accumulation du capital du NFCB s’en est trouvé affectée sur longue durée aux USA.
La patrimonialisation financière a été contrainte. Après investissement additionnel, les disponibilités financières se seraient avérées si faibles que les entreprises anonymes non financières se seraient trouvées dans l’impossibilité de se constituer des patrimoines financiers aussi importants. Elles ont donc dû s’endetter de manière croissante pour rester dans la course au patrimoine.
En examinant l’endettement et les patrimoines des entreprises américaines, on peut légitimement penser que l’accroissement de l’endettement des entreprises n’a pas eu pour cause l’investissement productif. La dette des entreprises augmente moins vite que les actifs tangibles des entreprises pour une raison élémentaire, les entreprises disposent d’une marge d’autofinancement suffisante pour entretenir des taux d’investissement à la baisse. On peut donc en conclure que les entreprises non financières se sont endettées de manière très sensible pour investir dans des produits financiers et participer à la curée patrimoniale dont le produit est le prélèvement sur le revenu national d’intérêts et de dividendes. On peut aussi soutenir que sans la surrection de la valeur des patrimoines, l’Amérique productive n’aurait pas été victime d’une Amérique rentière qui a conduit le pays à l’abîme.
Pour comprendre à quel point la concurrence est rude entre des patrimoines financiers rivaux désireux de s’approprier la plus grosse masse d’argent, nous faisons figurer la répartition des patrimoines financiers aux USA. On voit à quel point les sociétés anonymes (Corporate business) et les PME-PMI sont mal loties. Les patrimoines des entreprises non-financières américaines sont trop petits pour qu’ils puissent leur rapporter beaucoup. C’est pour cela qu’elles sous accumulent dans leur moyen de production tout en devant s’endetter. Il ne faut pas exagérer les effets du patrimoine financier du secteur financier. En fait, le capital financier ne conserve à la fin qu’une part limitée des intérêts et dividende. Les plus voraces dans l’affaire, ce sont les ménages. En disant cela, nous touchons à la structure de classe des USA.
Nous voulions expliquer pourquoi il y a eu sous accumulation de capital aux USA. La réponse est apportée pour les entreprises du Non Corporate Business. Elle est accablante !!!
Onubre Einz
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