Par Ronny Ktorza
Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
En septembre 2010, des économistes « atterrés » avaient publié un manifeste dont on peut trouver des extraits ici. Ces penseurs sont atterrés car ils regrettent, qu’après la crise économique de 2008, le paradigme « néolibéral » demeure dominant.
Ce manifeste relativise malheureusement certains problèmes auxquels est confrontée l’Europe, à commencer par la situation inquiétante des finances publiques des États du continent.
Les auteurs regrettent les politiques de baisse « drastique », voire « aveugle » des dépenses publiques menées par lesdits États. Peu consciencieux, ils ne tiennent pas compte du fait que les discours des politiciens en la matière ne sont que des pétitions de principe nullement suivies d’effet.
De même, ce document se vante d’être politiquement incorrect et d’apporter un constat inédit sur la crise économique actuelle mais pointe principalement du doigt, comme la plupart des chroniqueurs, la responsabilité du monde de la finance. Il est vrai que ce milieu-ci a une part de responsabilité indéniable dans le déclenchement de ladite crise. Il est encore plus vrai que la connivence entre les banques privées, les Banques centrales et l’État est regrettable.
Mais en quoi peut-on dire qu’il s’agit d’une faille du système libéral ?
En effet, le libéralisme vise à limiter au maximum les pouvoirs de l’État en non à les utiliser à des fins privées.
Daniel Tourre, dans son ouvrage en ligne, Le libéralisme pour les débutants, stigmatise ainsi très clairement ce qu’il est convenu d’appeler le capitalisme de connivence : « Le capital est toujours détenu par des personnes privées, mais son acquisition s’est faite par des privilèges étatiques (réglementations, subventions, corruption, détournements, réserve fractionnaire des banques). Le capital est donc détenu par une oligarchie ayant mis directement ou indirectement la force de l’État à son service. ».
En aucun cas, le libéralisme ne cherche à « diviniser » tous les entrepreneurs et personnes privés. C’est d’ailleurs parce qu’il en a saisi les failles morales qu’il se méfie du pouvoir étatique et de l’utilisation qui en sera faite par certains.
Le « manifeste des économistes atterrés » a été salué, après sa parution, par un très grand nombre d’économistes « mainstream ». Preuve qu’il était plus politiquement correct que ce qu’il prétendait être. Un professeur émérite de l’Université de Lille I, Jean Gadrey, l’avait signé, émettant toutefois quelques réserves. Des réserves plaçant ce dernier à la gauche des auteurs du manifeste…
Ainsi, Gadrey regrette la dérive « croissanciste » du manifeste. La croissance est, de toute façon, devenue, principalement depuis la crise économique, un véritable bouc-émissaire. Il faudra que ses adversaires expliquent comment il se fait que le lien entre croissance économique, faible taux de chômage et prospérité économique est presque toujours prouvé.
Et quid du lien entre libéralisme économique et croissance que nient catégoriquement les auteurs du manifeste ? Il est vrai, qu’en la matière, il ne faut pas s’adonner à des conclusions simplistes. Ainsi, un pays « interventionniste en rattrapage » (c’est-à-dire un État en transition économique) aura souvent des taux de croissance plus élevés qu’un pays plus libéral pour la simple et bonne raison qu’il part de plus loin et que, de ce fait, il rattrape plus rapidement son retard.
Pour prendre un exemple parlant, la Chine bénéficie, depuis quelques années, d’un taux de croissance élevé (et qui devrait l’être à nouveau en 2013). Pourtant, l’Indice de liberté économique, établi annuellement par le think tank américain, HeritageFoundation, tend à montrer qu’il s’agit d’un des États les plus administrés du monde (130e sur 179).
Il serait donc faux d’affirmer qu’économiquement parlant, la Chine est le pays le plus libre du seul fait de son taux de croissance. Tôt ou tard, cette croissance s’affaissera, quelles que soient les réformes que continuera d’entreprendre cet État.
On peut néanmoins aussi compléter cette analyse en indiquant que les pays occidentaux bénéficieraient sans doute eux aussi d’une croissance forte s’ils cessaient de succomber à l’étatisme sauvage. Et c’est toute la limite dudit manifeste qui explique que le libéralisme économique bride la croissance.
Vos remarques sont sympathiques et péremptoires mais s'il ne faut pas confondre croissance et libre, il convient aussi de bien constater que la liberté ou le libéralisme ne vit que grâce aux compensations diverses des États c'est à dire des citoyens qui prennent en charge les dégâts du libéralisme: chômage, renflouement des entreprises, renflouement des banques inconséquentes.......Avec à la clé les fuites de capitaux et la non imposition d'un grand nombre de nantis dont la valeur intrinsèque n'est souvent pas a la hauteur de leurs émoluments et avantages divers.
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