Les derniers chiffres du chômage américain ont poussé les journalistes les plus conformistes (ou les plus serviles) à parler d’une embellie de la situation de l’économie américaine.
A n’en pas douter, les taux de chômage de 8,7 % du mois de novembre et de 8,5 % du mois de décembre ont donné lieu aux habituels commentaires : un chœur d’experts et de journalistes a entonné le couplet de « la reprise américaine » sans se donner la peine de rappeler que le Trésor avait fait plus de 400 Md de $ de déficit au dernier trimestre de 2011 et plus de 800 Md de $ déficit financier au deuxième semestre 2011. De quoi amplement soutenir l’activité et rendre possible l’enregistrement d’une amélioration toute relative de l’emploi.
A n’en pas douter, les taux de chômage de 8,7 % du mois de novembre et de 8,5 % du mois de décembre ont donné lieu aux habituels commentaires : un chœur d’experts et de journalistes a entonné le couplet de « la reprise américaine » sans se donner la peine de rappeler que le Trésor avait fait plus de 400 Md de $ de déficit au dernier trimestre de 2011 et plus de 800 Md de $ déficit financier au deuxième semestre 2011. De quoi amplement soutenir l’activité et rendre possible l’enregistrement d’une amélioration toute relative de l’emploi.
Au mieux a-t-on noter que le taux d’emploi de la population en âge de travailler (Employment Population Ratio) se redressait a peine alors que le ratio population active sur population en âge de travailler (Labor Force Participation Rate) continuait de se dégrader lentement. Or ce sont ces phénomènes sur lesquels il aurait fallu faire porter l’attention pour ne pas présenter les faits de manière par trop unilatérale. La dégradation du Labor Force Participation Rate et la médiocrité des chiffres de l’Employment Population Ratio indiquent en effet que la situation de l’emploi reste très dégradée aux USA. Et c’est justement ce que voudrait démontrer ce papier en fournissant l’arrière-plan moins brillant des bons résultats du chômage.
Pour ce faire, nous avons confronté les chiffres de l’emploi aux allocataires des programmes alimentaires permettant aux américains frappés par la crise de recevoir une aide alimentaire. On prend ainsi une mesure concrète des effets de la crise. Nous avons ainsi pu montrer comment la crise a révélé l’existence d’un sous-emploi latent dont la formation remonte aux années de croissance folle (1988-2007) (A : Un taux de chômage problématique révélateur d’un sous emploi ancien). On peut ainsi mieux saisir les effets actuels de la crise sur les taux d’emploi de la population. (B : Sous emploi et crise actuelle).
La crise ne se contente pas de créer un sous-emploi ou pour le dire en terme plus simple un chômage. Elle révèle l’existence d’un sous-emploi vieux de plus de dix ans qui s’ajoute aux effets dévastateurs de la crise présente. C’est pour cela que le nombre d’allocataires des aides alimentaires d’Etat ne cesse d’augmenter depuis le début de la crise. Voilà ce qui reste à démontrer.
A – Un taux de chômage problématique révélateur d’un sous emploi ancien
Pour prendre la mesure du chômage, nous avons pris deux indicateurs : d’une part le taux de chômage, d’autre part le nombre de personnes bénéficiant du programme des Food Stamps. Ce programme mis en place sous le New deal permet aux américains les plus durement frappés par la crise de pouvoir s’alimenter. C’est une aide alimentaire d’Etat organisé par le ministère de l’agriculture des USA dans le cadre du Supplemental Nutrition Assistance Program (NSDA http://www.fns.usda.gov/fns/) qui a pris la place des Food Stamps de l’ère Roosevelt. Plusieurs programmes permettent aux Américains nécessiteux de se nourrir en bénéficiant d’une aide alimentaire intéressant toutes les catégorie d’américains (personnes âges, adultes, enfants…). Les Food Stamps (nous appellerons ainsi le Supplemental Nutrition Assistance Program par commodités) ont l’avantage de fournir un indicateur pouvant se substituer à l’indice de pauvreté (publié avec deux ans de retard) tout en permettant de mesurer les répercussions des difficultés du marché de l’emploi pour des millions d’Américains.
L’examen du graphique permet de faire deux constats. Il y a bien une chute très lente du chômage depuis son pic d’octobre 2009. Cette chute est heurtée, mais elle n’est pas contestable. Il y a eu un recul du taux de chômage de 1,6 % entre octobre 2009 et décembre 2011. C’est une amélioration notable de la situation de l’emploi aux USA.../
On pourrait donc s’attendre à ce que les allocataires des Foods Stamps se stabilisent ou reculent à dater de 2010. Or il n’en est rien : la courbe des bénéficiaires des Foods Stamps ne cesse de monter indépendamment des évolutions du chômage. Depuis le début de la phase virulente de la crise (automne 2008), les allocataires sont passés de 30,8 Mn (10-2008) à 46,2 Mn (octobre 2011) soit 15,4 Mn d’américains nécessiteux en plus. Cette croissance continue et massive des bénéficiaires des Foods Stamps indiquent que la situation du marché de l’emploi aux USA reste très mauvaise contrairement à ce que laisse penser les évolutions récentes du taux de chômage.
Il nous reste donc à avancer quelques explications.
B – L’emploi aux USA : Le sous emploi
1° Expliquer le hiatus statistique – Croissance des Allocataire des Food Stamps et baisse du taux de chômage
L’examen des chiffres essentiels de l’emploi permet d’avancer vers un début de réponse.
Première évidence, la population active américaine (Civilian Labor Force) est stagnante depuis le début de la crise. Deuxième évidence, la remontée de l’emploi (employment) est sensible à partir de 2010. Pourtant à partir de 2010, le graphique montre que le nombre des salariés en age de travailler ne se trouvant pas dans la population active (Not in The labor Force) ne cesse d’augmenter sans que la reprise de l’emploi de 2010-2011 ne casse cette tendance constatable depuis 2007.
On peut donner à ce phénomène une raison simple. La population active s’accroît moins vite que la population en âge de travailler. La crise génère donc un sous-emploi dont nous avons essayé de montrer dans des post antérieur pourquoi il préexistait à la crise. En dopant la (sur) croissance par un large appel au crédit extérieur (Epargne nette importée) et à l’endettement, les USA ont tiré leur croissance vers le haut alors que leur économie souffrait d’une sous-accumulation ancienne de capital. IL en a résulté une croissance artificielle utilisant jusqu’à la corde l’outil de production. La surproductiion de valeur par tête a trahi l’existence d’une surproductivité individuelle fermant la porte de l’emploi et de la population active à une fraction toujours plus importante de la population en âge de travailler. La dégradation du Labor Force Participation Raye et de L’Employment Population Ratio ont été l’expression d’une (sur)croissance réalisée sur une base productive trop insuffisante pour absorber en continu la croissance de la population an âge de travailler.
La reprise de l’emploi en 2010-2011 ne peut rien contre ce phénomène de sous emploi puisqu’il lui est antérieur ; la crise en fragilisant les revenus – essentiellement – du travail ne fait que révéler un sous-emploi consécutif à la croissance forcée des années 98-2007.
Ce graphique utilise deux indicateurs. L’Employment Population Ratio mesure le ratio population en âge de travailler / population employée. Le labor Force Participation Rate mesure quant à lui le ratio population en âge de travailler / population active.
Il est normal que la reprise de l’emploi se traduise par un redressement de l’employment population ratio à partir de 2010. Puisque le nombre d’emploi remonte, la part des personnes employées dans le total de la population en âge de travailler ne peut que se redresser. Mais Encore faut-il noter que la faiblesse de ce redressement en 2010-2011 traduit le fait que la population en âge de travailler augmente simplement au même rythme que les emplois retrouvés.
Le Labor Force Participation Rate montre que la situation de l’emploi est problématique aux USA : La population active ne cesse de diminuer en proportion de la population en âge de travailler ce qui indique qu’une part croissante des Américains n’est pas absorbée par le marché du travail.
La poche de sous emploi qui se forme depuis la fin des années 90 continue donc de se gonfler durant la crise. C’est donc le niveau de chômage et la formation d’une poche de sous emploi grandissante manifestée par la crise qui explique l’explosion des allocataires des Food Stamps et l’absence de tout effet positif des évolutions du taux de chômage sur le nombre des allocataires.
2° La formation du sous-emploi en phase de croissance folle (1998-2007)
Le constat d’une chute du taux d’emploi de la population en age de travailler et de la part de la population active dans la population en âge de travailler est un fait saillant de la décennie folle précédant la crise. Il est le résultat des évolutions d’une croissance financiarisée permettant au top 10-5-1 % des ménages d’extraire de la production nationale toujours plus de revenu. Nous avons montré comment la pression des dividendes et des intérêts versés par les entreprises et le jeu des dividendes et intérêt versé par les ménages avait permis cet enrichissement au prix d’une sous-accumulation croissante de Capital. Il est bon de rappeler que les entreprises privées et les entreprises anonymes financières et non financières ont du pour supporter cette pression réaliser une double accumulation de capital productif et de capital financier. Cette double accumulation a eu pour effet de réduire la base productive des USA dès la fin des années 90 avec pour effet de produire un sous emploi latent dans les conditions d’une croissance procédant dans l’endettement.
Ce sous-emploi latent et ses effets négatifs sur le niveau de vie des américains ont été dissimulés par les modalités de la croissance folle. L’endettement extérieur et l’endettement interne ont permis aux USA de faire de la surcroissance. Le système productif stimulé par des débouchés artificiels a pu ainsi générer une surproductivité résultant d’un usage maximum de moyens de production. Salaire (et assurances sociales) des salariés du privé ont ainsi pu être augmentés. C’est cette augmentation qui a rendu économiquement insensible la formation d’un sous-emploi inévitable en régime d’accumulation insuffisante de capital. La fragilité économique croissante d’un grand nombre de ménages américains a été occulté provisoirement par cette distribution artificielle de revenu. En somme, la croissance folle s’est substituée à une croissance qui aurait du ralentir très fortement si l’économie américaine avait alignée ses performances productives et ses créations d’emploi sur une base productive affectée par une sous accumulation historique de capital. L’endettement et le sous emploi latent sont les signes que cette croissance était malsaine.
3° Le sous emploi en phase de crise et le retour à une logique ordinaire de recherche de gains de productivité.
La crise a donc un double effet. Elle révèle inévitablement le sous emploi antérieur par le simple jeu du chômage, des temps de travail partiel subis et de la stagnation des revenus. Les ménages américains affectés par la crise ne peuvent plus bénéficier des effets protecteurs et illusoires de la surcroissance. D’où le basculement inévitable dans des situations de difficultés économiques qui expliquent la croissance vertigineuse des allocataires des Food Stamps.
Mais l’explication de la dégradation des taux d’emploi de la population active et de la part de la population active dans la population en âge de travailler manquerait son but si nous ne traitions pas des changements qu’introduit la crise dans le fonctionnement du Capital producteur de valeur. La crise actuelle ne se contente pas de montrer l’existence d’un sous-emploi ancien. La logique de la formation de ce sous-emploi a changé puisque les USA ne peuvent plus utiliser les mécanismes des années de croissance folle.
La logique présente n’est plus celle de la stimulation par le crédit extérieur et intérieur. Placées sous la pression des intérêts et des dividendes versés dont le solde leur reste défavorable, sans disposer de débouchés forts stimuler par la croissance pied au plancher des ménages –L’Etat fédéral au prix de déficit financier et budgétaire considérable assure les débouchés minimum – les entreprises doivent donc se livrer à un difficile exercice consistant d’une part à diminuer les emplois inutiles ou à réduire les heurts de travail (quand elles ne ferment pas leur porte), d’autre part à investir à nouveau pour améliorer leur productivité. Elles se trouvent nécessairement contraintes de limiter les salaires (et éventuellement les horaires de travail) et de confier à l’Etat le soin de soutenir la demande.
Le résultat de cette politique est double : si la reprise de l’accumulation du capital est créatrice d’emplois, il est logique que le taux d’emploi de la population active dans la population en âge de travailler remonte. Mais une logique de gains de productivité maximale couplée à un réinvestissement sensible n’est pas suffisamment créatrice d’emplois pour absorber la croissance de la population en âge de travailler. En phase de crise, les salariés et les moyens de production sont toujours utilisés au maximum pour accroître la productivité. Cette utilisation maximum a simplement changé de nature avec une crise imposant la reprise de l’investissement productif ou si l’on préfère de l’accumulation. Il s’agit en phase de crise de jeter les bases d’une croissance plus saine sans changer le fonctionnement du capitalisme financiarisé. Dans cette mesure des investissements additionnels peuvent coexister avec le maintien d’un sous-emploi antérieur - révélé par la crise – que ces nouveaux investissements viennent aggraver.
Il est donc logique que la Labor force participation rate continue à se dégrader lentement. Or la dégradation du Labor participation rate a pour effet de laisser nombre des américains hors de la population active comme le montre la croissance des américains « Not in the labor force ». Et une partie d’entre eux éprouve nécessairement des difficultés à faire face aux dépenses d’alimentation ordinaires. Le nombre d’allocataires des Food Stamps augmente.
4° Les deux logiques de formation du sous-emploi.
Il y a donc deux logiques de sous emploi qui se rencontrent au point d’inflexion du temps, le sous emploi ancien se révèle en raison du choc que les ménages américains subissent (licenciement, chômage, baisse des salaires) depuis 2007. Le sous emploi nouveau résulte des efforts tentés par les entreprises américaines pour retrouver la voie d’un capitalisme procédant d’une manière plus saine. Mais dans cette nouvelle phase, ce sont les salariés américains qui ont à souffrir de la logique d’investissement. La recherche de la productivité tend à diminuer les effets positifs des investissements nouveaux sur le volume d’emploi et de travail car elle vise d’abord à garantir les marges des entreprises et à préserver la formation de revenu et de patrimoine des ménages les plus aisés (Top 10-5-% des ménages). Dans ce contexte la faiblesse de la progression des salaires ne peut que précipiter les ménages américains les moins aisés dans les bras du Supplemental Nutrition Assistance Program alors que licenciement et temps partiel font des ravages.
Nous pensons avoir expliquer pourquoi les chiffres positifs du chômage pouvaient masquer une tendance à la dégradation du marché de l’emploi, dégradation reflétée par la progression continue des allocataires des Food Stamps.
Il nous reste à utiliser quelques indicateurs pour montrer que le chômage aux USA s’inscrit dans la longue durée et que la difficulté de l’économie américaine à remettre au travail sa population active est sans doute un fait durable - sauf à imaginer un retour aux mécanismes de la croissance folle des années 98-2007. Les conditions permissives de cette croissance – notamment l’importation massive d’Etrangère par les USA via le refinancement de leur déficit commercial par les flux financiers – sont désormais révolues.
Nous avons essayé de déterminer les raisons de la croissance des bénéficiaires des Food Stamp en présentant cette croissance des allocataires comme un héritage de la croissance artificielle des années précédents la crise. Il nous reste a examiner cette croissance par quelques indicateurs concernant la population active. En sus des phénomènes de sous emploi, sur lesquels nous avons longuement insisté, les évolutions de la population active expliquent les effets des évolutions de l’emploi sur les allocataires des Foods Stamps qui sont actuellement fragilisés par la crise. Nous examinons donc la crise contemporaine en ce qu’elle crée par elle-même des allocataires actuels qui ne doivent rien à l’héritage des années de folle croissance.
C– Les répercussions de la situation de l’Emploi sur les allocataires des Food Stamps.
1° la durée du chômage et le SAS des travailleurs découragés et des travailleurs marginalement attachés à la population active.
La baisse du chômage ne peut effacer un fait persistant. Depuis janvier 2010, le nombre des chômeurs de longue durée demeure a des niveaux très élevés (+ 27 semaines). La décrue du nombre des chômeurs affecte plus sensiblement les périodes courtes de chômage (- de 5 semaines à – de 14 semaines) que les période longues ; ce fait est particulièrement sensible en 2011.
La persistance d’un chômage de longue durée important est un facteur permettant de comprendre l’interaction entre le sous emploi passé et la dégradation de la situation économique présente des ménages américains. Les Food Stamps révèlent autant un sous emploi caché par les folles années de croissance qu’un basculement de millions d’américain dans des difficultés économiques durables pour des raisons actuelles. Nous n’insisterons pas sur le fait que la durée du chômage est historique. Jamais autant d’Américains ne sont restés aussi longtemps au chômage depuis la grande dépression. La question est de déterminer ce qui arrive à ces millions d’américains quand le chômage dure.
Les travailleurs marginalement attachés à la population active (marginalyse attached to the labor force) sont des travailleurs qui ne sont plus statistiquement enregistrés comme travailleurs à la recherche d’un emploi faute d’avoir ou de rechercher un emploi. En revanche, ils ont au moins essayé de trouver du travail dans les 12 derniers mois et se disent près à occuper un emploi. Les travailleurs découragés (Discourage worker) sont un sous ensemble du premier groupe avançant des raisons liées à la situation du marché du travail pour ne pas chercher un travail. Ces deux catégories sont importantes car elles permettent de mesurer le nombre de personnes en train de glisser vers la partie des américains en âge de travailler ne faisant plus partie de la population active avec les impacts que ce glissement peut avoir sur le Labor force employment rate.
Il s’agit donc d’un sas permettant de comprendre que de nombreux américains se dirigent lentement vers la partie de la population en âge de travailler qui ne fait plus partie de la population active. Ce double volume de travailleurs est important car tous les 12 mois un nombre non négligeable des travailleurs découragés et des travailleurs marginalement attachés disparaissent de cette statistique pour faire partie de la population de plus de 16 qui n’est pas enregistrés comme demandeuse d’emploi. Nous savons donc ce qu’il est advenu des Américains dont le chômage dure, ils sont doucement sortis du marché du travail pour rejoindre la masse des personnes ne faisant plus partie de la population active. Nous retrouvons là une des raisons de la chute du Labor Force Participation Rate.
L’examen de ce graphique montre que le nombre d’américains glissant hors de la population active reste très élevé depuis 2010. On peut noter une chute du nombre des travailleurs découragés qui semble indiquer une amélioration toute relative de l’état d’esprit des chômeurs présents dans le sas des personnes marginalement rattachées à la population active. Mais c’est cette dernière catégorie de travailleurs qui reste à un niveau très élevé depuis 2010. Le sas faisant sortir les salariés américains de la population active reste plein. On devine sans effort les effets que cette réalité peut avoir sur le gonflement final du nombre des travailleurs qui ne se trouvent plus dans la population active et, partant dans le Labor Force participation Rate.
2° Les travailleurs à temps plein et à temps partiel
On notera encore que la situation de l’emploi à temps plein et à temps partiel reste sombre. L’impact de la crise est telle que la croissance américaine ne parvient pas à trouver recréer des emplois à temps plein. Le seul progrès de l’emploi concerne les emplois de moins de 35 heures pouvant ne pas excéder 1 heure. Pour les Américains ayant perdu leur emploi, le retour sur le marché du travail implique donc de retrouver un emploi dont la durée n’excède pas 35 Heures. D’où la montée des allocataires des Food Stamps.
L’examen des motivations du travail à court terme est très révélateur du fait que cette option de travail est contrainte. Les travailleurs à temps plein pour des raisons qui ne sont pas liées à l’économie (Part time for Non Economic Reason) ne cessent de baisser. Le travail à temps partiel peut donc augmenter (cf Graphique précédant) en période de crise, il est de moins en moins choisi.
Le travail partiel pour des raisons économiques tous secteurs confondus (part time for economic reason All Industries) reste pour les travailleurs américains une contrainte dont la pression ne fléchit guère depuis le printemps 2009. Certes, il faut noter un point positif : le travail partiel en raison d’une baisse d’activité ou des raisons économiques (Part time Slack of Business or Business conditions) recule, c’est le signe que l’activité économique se porte mieux (mais est-ce en raison d’une croissance autonome ou de la dépense publique à la remorque du crédit public ?). En revanche, les temps de travail partiel contraint faute de travail à plein temps en quantité suffisante (Part time : Could only find part-time work) ne cesse de monter.
Le travail à temps partiel indique pourquoi de très nombreux ménages américains doivent faire appel aux Food Stamps. Ils sont de moins enmoins à choisir les temps partiels, et de plus en plus nombreux à devoir les accepter sous la contrainte des évolutions du marché du travail qui ne leur laissent pas de choix. Or être contraint d’accepter des temps partiel de travail, c’est devoir rogner sur ces revenus. C’est aussi développer à l’intérieur de l’emploi de nouvelles poches de sous emploi qui viennent aggraver les effets de la crise sur le sous emploi latent affectant les ménages avant la crise.
Conclusions
Nous avons examiné les raisons pour lesquelles le taux de chômage était décorrélé de l’évolution du nombre d’allocataires des Programmes alimentaires Fédéraux. Nous avons aussi montré comment la crise pouvait révéler un sous emploi virtuel qui lui préexistait (A) tout en soulignant que la crise elle-même tendait à développer une situation générant en retour la multiplication des allocataires (B). Nous avons donc proposé une double explication des phénomènes de gonflement du nombre d’allocataire des Food Stamps.
Les chiffres actuels ne sont donc en rien les signes indubitables d’une reprise. Au contraire, on peut considérer que les Food Stamps sont un bien meilleur indicateur de l’impact de la crise sur les ménages américains. La dépression en cours continue de se creuser, le taux de chômage tiré vers le bas par la dépense publique reflète donc assez mal la situation réelle de l’emploi aux USA.
Or deux questions méritent d’être posées au terme de ce post.
La première concerne l’investissement qui semble fléchir selon la FED. L’investissement semble se trouver en effet pénalisé par la reprise de la croissance des revenus du capital (revenu de la propriété directe des entreprises, des intérêts et des dividendes) qui s’est faite depuis trente ans au prix d’une sous accumulation. Si cette sous accumulation reprenait son cours, alors la perspective d’une décrue rapide du chômage serait problématique. En effet, si les USA enregistrent une baisse de leur Labor Force Participation Rate depuis la fin des années 90 que vient aggraver la crise, la reprise de l’emploi sous le coup d’un regain de l’investissement suppose un élargissement de la base productive du pays permettant d’absorber les travailleurs au chômage et de remobiliser la population en âge de travailler. Si tel n’est pas le cas, la croissance devrait redevenir une surcroissance. Or c’est impossible, les mécanismes de cette surcroissance sont définitivement brisés.
Cette première question en appelle une seconde. Si la voie de la surcroissance ne peut plus être empruntée et que l’investissement est cassé par la cupidité du Top 10-5-1 % des ménages alors la situation prévalant aux USA restera celle d’une consommation stagnante en raison d’un chômage persistant sur fond de salaire progressant très peu. C’est peut-être la voie dans laquelle est déjà entrée l’économie américaine. Mais les données fond défaut pour confirmer ce fait, seul point notable, la FED a noté récemment un fléchissement de l’investissement.
Dans ce dernier cas, l’Etat fédéral se trouvera contraint de soutenir la consommation à perte de vue. Nous retrouvons donc la dette souveraine et les questions de son financement. La fuite dans la dette n’est pas la solution, répétons-le, elle est devenue le récapitulatif de toutes les contradictions de la croissance économique américaine en phase de dépression. Sans réforme de structure, les contradictions s’accumulent. L’économie américaine ne fait que du surplace.
Avec tout ce qui se passe en Europe, et plus particulièrement en France, personne ne bouge , ne dit rien, ils sont comme tétanisés. Supporter cette misère et surtout voir ce que l'on a engrangé pendant une vie, partir en fumée, il faut une sacrée dose de courage ou de lâcheté, c'est selon, pour ne rien dire et se la boucler. Alors qu'en haut lieu c'est la fête.!!!!
RépondreSupprimerBien triste effectivement...
RépondreSupprimerEn France on attend les élections.
Mais... Y aura-t-il des élections ? A situation exceptionnelle on mettra un Mario Monti numéro 2 en France, comme en Italie ou en Grèce.