Par Nouriel Roubini (économiste)
Des nuages noirs et bas viennent de toutes les directions menacer l’économie mondiale : de la zone euro, des USA, de la Chine et d’ailleurs. Aussi dès l’année prochaine, l’économie mondiale pourrait se trouver en danger.
Tout d’abord la crise de la zone euro s’aggrave, tandis que l’euro reste une devise forte : l’austérité accroît la récession dans de nombreux pays membres, la restriction du crédit à la périphérie et le prix élevé du pétrole font obstacle à la reprise. Le système bancaire de la zone euro se balkanise, les lignes de crédit transfrontalières et interbancaires sont coupées et la fuite des capitaux pourrait se transformer en panique bancaire dans les pays de la périphérie, si, comme c’est probable, la Grèce fait une sortie désordonnée de la zone euro dans les prochains mois.La crise budgétaire et celle de la dette souveraine s’aggravent, le « spread » des taux d’intérêt pour l’Espagne et l’Italie atteint à nouveau des sommets intenables. La zone euro pourrait avoir besoin non seulement d’un plan de sauvetage international des banques (cela vient d’être le cas pour les banques espagnoles), mais aussi pour la dette souveraine à un moment où les pare-feu de la zone euro et de la communauté internationale ne suffisent pas à empêcher la glissade de l’Espagne et de l’Italie. Un effondrement désordonné de la zone euro n’est donc pas exclu.
Aux Etats-Unis l’économie s’affaiblit, la croissance du premier trimestre n’atteignant qu’un misérable 1,9 % – bien en dessous de son potentiel.
La création d’emplois a baissé en avril et mai et l’économie américaine pourrait se retrouver au point mort vers la fin de l’année. Pire encore, le risque d’une récession à double creux l’année prochaine augmente : même si la fin de certains avantages fiscaux n’affecte pas trop la croissance, la hausse probable de plusieurs taxes et la réduction de certains transferts diminuera la croissance du revenu disponible et de la consommation.
En Extrême-Orient le modèle de croissance de la Chine est à bout de souffle, son économie pourrait s’écrouler en 2013 alors que la chute des investissements se poursuit et que les réformes destinées à stimuler la consommation viennent trop tard. Le ralentissement économique aux Etats-Unis, au sein de la zone euro et en Chine va mettre un coup de frein à la croissance des autres pays émergents en raison de leurs liens commerciaux et financiers avec les Etats-Unis et l’UE.Enfin, les tensions qui couvent depuis longtemps au Moyen-Orient entre Israël et les Etats-Unis d’un côté, et l’Iran de l’autre sur la question de la prolifération nucléaire pourraient conduire à un bond énorme du prix du pétrole et à une récession mondiale.
En comparaison de la période 2008-2009, lorsque les décideurs politiques avaient toute liberté d’action, les autorités monétaires et budgétaires ont épuisé une grande partie de leurs cartouches. La marge de manoeuvre en matière de politique monétaire est limitée par des taux d’intérêt proches de zéro et des phases répétées de relâchement monétaire.
Le nuage provenant de la zone euro est le plus menaçant, mais ce n’est pas le seul qui plane sur l’économie mondiale. La tempête approche, préparons-nous !
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