Les "haredim" rejettent originellement assez largement le sionisme, encore que ce rejet ait connu des évolutions. Selon une thèse historiquement dominante (mais pas exclusive7) chez les religieux, Dieu a détruit le royaume d’Israël pour punir les Juifs, et seul son messie peut le recréer.
Protestation contre les lois du gouvernement
La vie en terre sainte est possible, mais toute tentative autonome de créer un État est une révolte contre Dieu.
Ainsi le Talmud de Babylone (Massekhet Ketoubot 111a ), dans son commentaire du Cantique des cantiques déclare8 :
- qu'Israël ne « forcerait pas la muraille » (c'est-à-dire que le peuple d'Israël s'engage à ne pas conquérir Eretz Israel par la force).
- Que YHWH a fait jurer à Israël qu'il ne se rebellerait pas contre les nations (c'est-à-dire que le peuple d'Israël s'engage à obéir aux gouvernements pendant son exil, en attendant « que la main de Dieu se manifeste aux yeux du monde9 »).
- Qu'en échange, YHWH a fait jurer aux nations de ne « pas trop » (yoter midai) opprimer Israël.
Cette vision, connue sous le nom des « trois serments, [...] a joué un rôle considérable dans la pensée religieuse antisioniste, et [...] est encore évoquée aujourd'hui par [...] lesNetourei Karta et les hassidim de Satmar10 ».
Massekhet Ketoubot indique que Dieu promet que les nations n'essaieront pas de détruire le peuple d'Israël. La Shoah a donc été interprétée par certains haredim comme la conséquence inévitable de la violation par les sionistes des deux premières promesses.
Sur la pancarte : "On m'a traitée de S...pe"
Avec le temps, les haredim ont fini (majoritairement du moins) par accepter l’État d’Israël. Les partis qui les représentent ont même des ministres. Mais le « culte » de l’État propre aux sionistes (même aux sionistes religieux) leur semble être une idolâtrie condamnée par la Bible. D’où une attitude actuelle très ambigüe, faite d’acceptation et de réticence. Ainsi lors du retrait des colonies israéliennes de la bande de Gaza, en 2005, certains haredim sont restés neutres, certains ont approuvé, d’autres se sont opposés. L’attitude majoritaire fut cependant très réservée.
Le parti Shass, émanation des haredim séfarades, a évolué de façon plus affirmée que les partis haredim d'origine européenne. Marquant la fin de cette évolution déjà ancienne, le parti a annoncé en 2010 sa volonté d'adhérer à l'Organisation sioniste mondiale11. À cette occasion, un représentant du Shass, Yaakov Margi, a déclaré « nous nous définissons comme un parti sioniste, en tant que Juifs pratiquants qui aiment Israël11 ».
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