samedi 19 février 2011

Bahreïn : Les enjeux politiques

Open in new window
La tension ne retombe pas à Bahreïn, minuscule royaume posé sur deux îles entre l'Arabie saoudite et le Qatar. Les chars sont déployés aux principaux carrefours. Des hélicoptères militaires tournoient dans le ciel. Mais environ 4000 manifestants en colère sont toujours massés, ce soir, devant le principal hôpital, scandant des slogans hostiles au gouvernement.

C'est là que sont soignées la plupart des 195 personnes blessées, dans la nuit de mercredi à jeudi, lorsque les forces de sécurité ont donné l'assaut à un rassemblement de manifestants chiites, après quatre jours de troubles. Cet assaut a fait au moins trois morts. Une partie du personnel hospitalier a pris fait et cause pour les révoltés et manifeste à l'intérieur même de l'établissement.

Ce qui est en jeu à Bahreïn dépasse largement les rivages de ces îlots confetti:

Localement: le roi Hamad ben Issa al-Khalifa, 61 ans, héritier d'une dynastie sunnite au pouvoir depuis le 17e siècle, règne sur une population chiite aux deux tiers. Les chiites exigent le départ du Premier mininistre, qui est l'oncle du monarque, et une meilleure représentation de leur communauté, qui se sent marginalisée non seulement par rapport aux sunnites, mais également par rapport aux expatriés qui font tourner la place financière de Bahreïn. 54% des 1,2 million d'habitants sont étrangers.

Régionalement: le roi est soutenu par la monarchie saoudienne, championne du sunnisme; elle redoute que Bahrein puisse devenir une tête de pont iranienne si près de ses côtes. Mais cette peur, quel que soit le jeu de Téhéran, relève largement du fantasme: les chiites de Bahreïn, pour la plupart, appartiennent à une branche du chiisme qui ne reconnaît pas les ayatollahs; ils sont Arabes et n'ont aucune envie de passer sous la coupe persane.

Mondialement: Bahreïn n'est pas qu'une place financière; si le royaume dispose de beaucoup moins d'hydrocarbures que ses voisins, il est une assez grosse base régionale de raffinage. 270 000 barils/jour, ce n'est pas énorme, mais c'est suffisant en cas de trouble pour faire flamber un peu plus un baril de brut déjà à 100 $. Surtout, Bahreïn "héberge" la 5e flotte américaine, une pièce maîtresse de la sécurité dans cette région qui recèle 2/3 des réserves mondiales prouvées de pétrole et près de la moitié des réserves de gaz.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires sont ouverts a tout le monde. La liberté d'expression est pleine et entière...
Merci, toutefois, de savoir respecter les commentaires des uns et des autres et de modérer vos propos. Cordialement votre.