vendredi 18 février 2011

Jours de colère et de révolte en Libye contre la dictature de Khadafi

Les forces de sécurité ont tué au moins 24 manifestants et blessé des dizaines d'autres en tirant pour disperser des protestations « pacifiques » contre le régime en Libye depuis mardi soir, a affirmé aujourd'hui l'organisation Human Rights Watch, citant des témoins. DNA vous propose de suivre les événements en direct.


Le Fil des événements :
16 h 50 : Les comités révolutionnaires, pilier du régime libyen, ont menacé vendredi les « groupuscules » manifestant contre le pouvoir d'une riposte « violente et foudroyante », prévenant que toute tentative de toucher aux lignes rouges serait un « suicide ».
« La riposte du peuple et des forces révolutionnaires à toute aventure de la part de ces groupuscules sera violente et foudroyante », ont indiqué les comités révolutionnaires sur le site internet de leur journal Azzahf Al-Akhdar (la marche verte).
« Le pouvoir du peuple, la Jamahiriya (pouvoir des masses), la révolution et le leader (Mouammar Kadhafi) constituent des lignes rouges. Celui qui tentera de les dépasser ou de s'y approcher risque le suicide et joue avec le feu », ont-ils prévenu. Ils ont accusé par ailleurs « la chaîne qatarie Al-Jazira et les vendus (...) d'aller contre le courant ».
16 h 00 : Le Quai d'Orsay a annoncé vendredi la suspension de l'exportation de matériel de sécurité vers la Libye et le Bahreïn, en proie à des contestations populaires violemment réprimées par les pouvoirs en place.
Paris ne sera pas accusé d'avoir soutenu les régimes de Libye et du Bahreïn. La France a annoncé vendredi qu'elle avait suspendu la veille les exportations de matériel de sécurité à destination de ces deux pays, où la contestation des régimes en place, ainsi que la répression, se sont amplifiées ces derniers jours, faisant plusieurs morts parmi les manifestants.
«Les autorisations ont été suspendues hier pour l'exportation de matériel sécuritaire à destination de Bahreïn et de la Libye», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. «Les événements des derniers jours ont été l'occasion de marquer que nous attendions des autorités de Bahreïn qu'elles traduisent dans les faits les engagements qu'elles ont pris», a-t-il ajouté.
11 h 15 : La France a appelé ses ressortissants à se tenir prudemment en dehors des manifestations qui se déroulent dans des villes du Bahreïn, du Yémen et de Libye, trois pays où la contestation contre les régimes en place s'est amplifiée ces derniers jours, faisant plusieurs morts, indique l’AFP.
Dans les conseils aux voyageurs du ministère des Affaires étrangères, qui ont été réactualisés hier, il est notamment recommandé aux Français actuellement présents dans le petit royaume du Golfe de « se tenir à l’écart des attroupements ». « Les voyageurs désirant se rendre à Bahreïn sont invités à reporter, sauf caractère d’urgence, leur voyage », précise le ministère.
10 h 30 : Pour comprendre la situation en Libye, une analyse du sociologue et politologue Moncef Djaziri, maître d'enseignement et de recherche à l'université de Lausanne, publiée par le quotidien Le Monde.fr

Résumé : La révolte en Libye s’inspire de celles qui secouent le monde arabe. L’opposition au régime du colonel Kadhafi existe autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du  pays. Les jeunes libyens aspirent à un changement et la contestation ne devrait pas s’arrêter.
Seif El Islam, le fils du colonel, pourrait incarner le changement dans la continuité mais avec davantage  d’ouverture sur la démocratie et l’occident.
10 h 09 : Les images de la révolte en Libye arrivent au compte-goutte en raison de la censure opérée sur le net par le gouvernement. Jeudi à Benghazi, des manifestants s'en sont pris à une sculpture symbolisant le « Petit livre vert », la bible de la révolution libyenne selon le colonel Kadhafi.
Une vidéo amateur posté sur le site Youtube montre des manifestants en train de détruire cet édifice érigé à la gloire de la révolution du colonel.

09 h 35 : Des militaires étaient déployés vendredi matin dans la deuxième ville de Libye, Benghazi, où des milliers de personnes sont descendues dans la rue au cours de la nuit pour protester contre la répression meurtrière de manifestations antigouvernementales.
Un habitant de Benghazi, a déclaré vendredi matin à Reuters que le calme était revenu dans la ville, où l'on ne signalait pas pour l'instant de nouvelles manifestations.
Toutefois, a-t-il ajouté « la nuit a été très difficile, il y avait beaucoup de monde dans les rues, des milliers de personnes. Maintenant, c'est calme. Je vois des soldats dans la rue ».


L'article :
Des milliers de manifestants antigouvernementaux sont descendus dans les rues de Benghazi, la deuxième ville de Libye, aux premières heures de vendredi, au lendemain d'une « journée de colère » qui s'est soldée par des échauffourées meurtrières avec les forces de sécurité.
La BBC-radio, citant un témoin, a déclaré que des manifestants hostiles au régime du colonel Kadhafi avaient affronté à Benghazi les forces de sécurité, qui ont fait usage de leurs armes à feu, et ajoute que des médecins ont dénombré dix tués.
Dans une autre ville de l'est de la Libye, Al Baïda, où certaines sources avaient fait état à Reuters de cinq tués, les manifestants ont acheminé des tentes pour camper dans les rues, a rapporté la BBC.
Au total, des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes à l'occasion de la « journée de colère », inspirée par les mouvements de contestation tunisien et égyptien, qui ont fait tomber les présidents Zine ben Ali et Hosni Moubarak.
Etant donné le contrôle étroit exercé sur les médias et les moyens de communication en Libye, il est difficile de se faire une idée précise des violences qui ont eu lieu jeudi et les jours précédents, mais des informations non corroborées ont fait état sur les réseaux sociaux d'internet de 50 morts.
Human Rights Watch, citant des témoins, affirme que le nombre de morts s’élève à 24.
Les pires affrontements, jeudi, semblent avoir eu lieu en Cyrénaïque, dans l'est du pays, avec pour épicentre Benghazi, où la contestation du régime est historiquement plus marquée que dans d'autres régions du pays.
Les liaisons téléphoniques avec al Baïda, ville à 200 km de Benghazi, étaient coupées jeudi soir et les autorités empêchaient les journalistes de se rendre de Tripoli à Benghazi.
Selon le journal libyen Kourina, le chef de la sécurité régionale a été relevé de ses fonctions en raison de la mort de manifestants à Al Baïda. Les obsèques des personnes tuées à Benghazi et Al Baïda devraient avoir lieu ce vendredi et risquent de catalyser un peu plus le mécontentement.
Des partisans du régime Kadhafi étaient également dans les rues vendredi matin, dans la capitale Tripoli, selon la chaîne CNN. Les images diffusées par la télévision libyenne, « en direct », montraient des hommes scandant des slogans en faveur du colonel Kadhafi.
A l’instar des Tunisiens et des Egyptiens, les Libyens organisent leur révolte à travers  les réseaux sociaux. Sur Facebook, le groupe « Jour de colère » compte près de 10 000 inscrits, alors que 300 000 internautes libyens sont inscrits à Facebook, selon le site spécialisé Socialbakers. Les messages sont aussi relayés par les utilisateurs du réseau Twitter.
Au pouvoir depuis septembre 1969, le colonel Kadhafi, 69 ans, est l’un des plus anciens dictateurs d’Afrique et du monde arabe.
DNA avec agences 

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