mardi 15 mars 2011

Fukushima éclaire le risque d'un séisme majeur sous un nouvel angle


PARIS - La catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon a conduit certains experts à scruter de plus près les risques de séismes majeurs dans les centrales nucléaires proches des failles sismiques. Environ 20% des 440 réacteurs civils en activité dans le monde sont situés dans des zones "d'importante activité sismique", selon l'Association mondiale du nucléaire (World Nuclear Association WNA), un groupement d'industriels.

Certains des 62 réacteurs en construction sont également dans des zones à risque sismique, tout comme nombre des 500 autres projets en particulier dans les pays à économie émergente.
http://www.econologie.com/photo/carte_centrale_nucleaire_france.jpg 
De nombreuses centrales - y compris les quatre réacteurs de Fukushima endommagés par le tsunami du 11 mars - se trouvent sur ou près du "cercle de feu", un arc de 40.000 km de failles tectoniques qui entoure le Pacifique.
L'industrie nucléaire, elle, souligne que la localisation dans une zone sismique ne pose pas un problème en soi, ajoutant que les normes techniques répondent aux estimations scientifiques.
Selon la WNA, les réacteurs sont conçus pour résister "au séisme le plus fort auquel on peut raisonnablement s'attendre sur un site nucléaire."
Mais certains sismologues remettent en doute ces estimations, fondées sur des données souvent incomplètes lorsqu'on a affaire à des séismes exceptionnels comme celui de magnitude 9 survenu vendredi.

"Il nous faut clairement revoir la probabilité de ce genre de séisme, en particulier dans des zones de risque sismique comme le Japon", a indiqué à l'AFP Bob Holdsworth, professeur de géologie de l'Université de Durham en Angleterre.
"Les Japonais ont sous-estimé l'importance des tremblements de terre qui peuvent frapper cette région", a estimé Ross Stein, sismologue de l'institut américain US Geological Survey (USGS).
http://d.yimg.com/i/ng/ne/skynews/20110314/15/406957579-second-explosion-fukushima-nuclear-plant.jpg?x=310&y=231&q=75&wc=321&hc=240&xc=40&yc=1&sig=jjSV_p.jFbdeKv5bvtehWQ--Ce qui est arrivé au Japon "est une indication claire que nous n'avons pas suffisamment réfléchi à des événements hors de notre expérience historique mais néanmoins du domaine du possible", a-t-il ajouté.

Virtuellement, tous les réacteurs japonais sont placés sous haut ou très haut risque de dégâts en cas d'important séisme, selon la carte des risques dans le monde établie par l'Onu et une demi-douzaine d'instituts scientifiques nationaux y compris l'USGS.
Sur la base de données géologiques et historiques, cet outil fournit une indication sur la plus haute accélération potentielle d'une secousse au sol sur un site précis dans les 50 prochaines années avec une probabilité de 10%.

Contrairement à l'échelle de Richter qui mesure l'intensité totale d'un séisme, cet indice renseigne sur la plus haute puissance d'une secousse dans une zone donnée.
La moitié de la douzaine des réacteurs en activité en Chine sont dans des zones de "risque modéré". Ceux de Corée du sud, qui fournissent plus de 30% de l'électricité du pays, sont classés à faible risque sur la carte mondiale des risques sismiques.

Les six réacteurs de Taïwan, les quatre de Californie et celui de l'Etat de Washington sont dans des zones à "haut risque".
Les centrales du Pakistan, celle du nord de l'Inde et les deux projets, dont l'un déjà en construction en Iran, sont en zone de risque "modéré à élevé".
En Europe, la menace de dégâts dus à un séisme dans une installation nucléaire serait bien moindre, exceptés plusieurs petits réacteurs expérimentaux dans le sud-est de la France proches d'une faille sismique.

La France tire 80% de son énergie du nucléaire, une filière vigoureusement défendue par le gouvernement qui affirme que toutes ses centrales ont été construites en tenant compte des risques sismiques et d'inondations.

(©AFP / 15 mars 2011 18h24) 
Romandie News

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