C’est clair, au delà des conséquences humaines, sanitaires et sociales, le typhon qui vient de frapper les Philippines a d’importantes conséquences géopolitiques. Preuve s’il en était besoin, Etats-Unis, Japon et Chine semblent vouloir rivaliser pour aider le pays sinistré … et surtout tenter de préserver leur poids économique et politique dans la région.
C’est ainsi que le Global Times, quotidien officiel chinois, a indiqué vendredi dans son éditorial que la Chine devrait envoyer des navires de guerre aux Philippines. Arguments invoqués : aider les victimes du typhon Haiyan mais également contrer l’influence des Etats-Unis et du Japon, alors qu’un conflit oppose gouvernement chinois et philippins depuis des mois avec en toile de fond – encore une fois – une forte odeur de pétrole et de gaz...
« L’envoi de navires de guerres dans de telles circonstances est bien intentionné. Si Manille s’y opposait, cela témoignerait simplement de son étroitesse d’esprit », a ainsi souligné le Global Times dans son éditorial.
« La Chine est forte et elle ne doit pas avoir peur de voir son offre rejetée, ou ses résultats critiqués par l’opinion internationale » martèle par ailleurs le journal. Ajoutant que « l’armée chinoise doit progressivement assumer un rôle plus vigoureux dans la diplomatie du pays. »
Rappelons que les relations diplomatiques entre les Philippines et la Chine sont loin d’être au beau fixe suite à un différend territorial en mer de Chine méridionale. Manille revendique en effet la souveraineté de l’atoll de Scarborough, à seulement 200 km des côtes philippines, alors que Pékin en a pris le contrôle en 2012.
Alors que le Japon a parallèlement annoncé vendredi qu’il se préparait à envoyer un millier de soldats pour renforcer les secours sur l’archipel et que les Etats-Unis, certes alliés historiques des Philippines, ont déployé sur place une impressionnante force militaire qui pourrait laisser penser à une véritable une invasion humanitaire(nous y reviendrons) le journal estime que « la Chine aussi devrait envoyer ses navires de guerre aux Philippines ». Ajoutant que « les soldats chinois sont de plus en plus souvent employés dans des missions de secours et d’assistance humanitaire à l’étranger. »
Selon le journal, l’envoi de militaires américains et japonais servent la stratégie de Washington pour étendre son influence en Asie. Affirmant même savoir de source diplomatique que le Japon avait conditionné l’accroissement de son aide aux Philippines par l’envoi de soldats.
Allant encore plus loin, dans les « propositions », le Global Times juge trop « délicat et prématuré » le recours à son porte-avions Liaoning, évoquant la possibilité pour la Chine de déployer son navire-hôpital, l’Arche de Paix, escorté de navires de guerre.
Néanmoins, le ministère chinois des Affaires étrangères a toutefois refusé de commenter les propositions du média d’Etat et encore moins de reprendre à son compte les orientations du journal. Ajoutant que « l’éditorial en question représent(ait) seulement l’opinion du journal lui-même ». « Sur les moyens ou l’ampleur de l’aide de Pékin, la Chine prendra en temps voulu les décisions adéquates, en fonction de l’évolution de la situation et des requêtes des Philippines elles-mêmes, a poursuivi Hong Lei », porte-parole du ministère.
Précisons par ailleurs que la modique somme accordée par la Chine – 100.000 dollars – pour soutenir les Philippines a fait l’objet de vives critqiues, certains pointant du doigt le peu de générosité de la seconde économie mondiale. Controverse qui a poussé Pékin à annoncer jeudi le versement complémentaire de 10 millions de yuans (1,2 million d’euros), sous forme de couvertures, de tentes et autres soutiens matériels.
- Opération militaire US de grande envergure vers les Philippines : invasion humanitaire ?
Quant aux Etats-Unis, l’agence France Presse elle-même parle d’opérations militaires. Il est vrai que le corps des Marines a annoncé mercredi que l’armée américaine continuait de renforcer les moyens mis en oeuvre pour porter secours aux sinistrés, avec l’envoi d’une douzaine d’avions et hélicoptères supplémentaires.
4 MV-22 Osprey supplémentaires ont ainsi quitté leur base d’Okinawa (Japon) en direction des Philippines, portant à huit le nombre de ces appareils impliqués dans les opérations de secours. Publicité garantie alors que l’appareil – mi-avion, mi-hélicoptère – bénéficie d’une autonomie, d’une rapidité et de capacités de fret d’un avion.
Huit avions cargo MC-130 – variante de l’Hercules – ont par ailleurs été envoyés en renfort, portant à 12 le nombre de ces appareils destinés à convoyer matériels de secours, eau ou nourriture. L’armada navale devrait quant à elle atteindre les zones sinistrées au cours des prochains jours.
Devaient arriver jeudi aux Philippines, selon une porte-parole de l’US Navy, le porte-avions George-Washington, escorté de deux croiseurs et d’un destroyer, totalisant une quinzaine d’hélicoptères. Un autre destroyer ainsi qu’un autre navire de ravitaillement font également route vers les zones sinistrées.
Deux navires amphibies, l’USS Germantown et l’USS Ashland, équipés de chalands de débarquement, d’installations médicales et d’unités de production d’eau potable ont pour leur part quitté leur base de Sasebo (sud du Japon) et sont attendus aux Philippines dans les prochains jours, selon les Marines. Un autre navire de transport amphibie, l’USS Denver, demeurant en alerte à Sasebo, selon l’US Navy.
Quelques semaines après le shutdown – que tout le monde semble avoir oublié semble-t-il – le Pentagone a ainsi débloqué 10 millions de dollars à ce stade pour l’opération militaire, baptisée Damayan. Décidément la crise budgétaire US ne semble pas avoir affecté les dépenses militaires … les lobbies d’armement US pouvant se frotter les mains …
- Quand Washington réaffirmait son soutien à Manille
Rappelons qu’en mai 2012, Washington a réaffirmé son engagement à soutenir Manille en cas d’agression extérieure, en vertu d’un accord conclu en 1951. Des propos tenus en réponse à une demande de soutien des Etats-Unis émise par les Philippines, Manille souhaitant ainsi que les Etats-Unis les aident à se «doter d’une défense qui soit un minimum crédible».
Le tout dans un contexte de tension accrue entre Chine et Philippines, compte-tenu d’enjeux croissants tant économiques que géopolitiques en mer de Chine.
Le fin mot de l’histoire ? Les pays de la région ont démarré depuis quelques mois des travaux d’exploration en offshore profond, alors que le potentiel de la région en hydrocarbures pourrait être gigantesque.
En 2008, un rapport de l’Energy Information Administration estimait d’ores et déjà ses réserves à 213 milliards de barils. Ce qui, le cas échéant, si l’on en croit les données de BP, surpasserait les réserves prouvées de tous les pays de la planète, en dehors de celles de l’Arabie saoudite et du Venezuela.
- Quand la CIA s’intéresse aux effets stratégiques du réchauffement climatique sur les régimes politiques
Un contexte qui pousse à réfléchir alors que c’est fort discrètement que quelques jours après la réélection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis que la CIA a annoncé officiellement avoir fermé sa cellule consacrée aux conséquences du changement climatique sur la sécurité nationale (Center on Climate Change and National Security) ….
Une nouvelle qui nous interpellait fortement alors que nous laissions entendre ici-même que l’arme climatique dénommée Haarp (High-Frequency Active Auroral Research Program) et développée notamment par Bae Systems et Carlyle – et donc avec l’appui du lobby militaire lui-même, soutien de Mitt Romney - avait pu quelque peu œuvrer à la formation d’ouragans comme Sandy, bouleversant la population américaine en plein élection présidentielle. Sans parler de son passage dévastateur sur les îles de Haïti et de Cuba, lequel pouvant « favoriser » une invasion humanitaire US via des ONG « idéalement » placées telles que « Save The Children » .
Annonce à rapprocher également de nos interrogations sur l’éventualité que certains séismes (Haïti, Iran,Birmanie) ne soient pas dûs uniquement à l’oeuvre de Dame Nature, cette dernière pouvant être – encore une fois - quelque peu aidée dans son œuvre par de véritables armes comme le programme Haarp, géré conjointement par l’US Air Force et l’US Navy.
« La CIA travaille depuis plusieurs années sur les implications du changement climatique pour la sécurité nationale. Dans le cadre d’un vaste remaniement des moyens d’analyse, ce travail continuera à être effectué par une équipe dédiée dans un nouveau centre qui se penche sur les questions économiques et énergétiques qui affectent la sécurité nationale américaine », avait assuré un porte-parole de l’agence, Todd Ebitz, dans un communiqué.
Rappelons que la cellule Center on Climate Change and National Security avait été mise en place en septembre 2009 sous l’autorité du directeur de la CIA de l’époque, Leon Panetta, après une série de rapports liant changement climatique et sécurité nationale. Objectif officiel selon le communiqué de presse publié lors de sa création : analyser les conséquences politiques, économiques et sociales pour les Etats-Unis — mais aussi pour des pays étrangers, sensibles ou vulnérables — de phénomènes comme la désertification, la montée du niveau des océans, les déplacements de population et la concurrence accrue pour les ressources naturelles. Rien que cela …
Intéressant également de noter que les informations disponibles sur les activités de ce centre démontrent que la CIA s’intéressait surtout aux effets stratégiques du réchauffement climatique sur les régimes politiques. Un des sujets traités et non des moindres : le dossier concernant la ressource en eau en Asie et en Afrique ou l’impact sur les USA et leurs alliés des mouvements de population suscités par la désertification ou la montée des océans. Tout de même …
Des éléments sujet à réflexion, indéniablement, alors qu’une note de l’ambassade de France à Washington laisse entendre que « les menaces à la sécurité américaine sont de plusieurs ordres. Les modifications du climat ainsi que l’augmentation des événements climatiques extrêmes (tempêtes, sécheresses, inondations) en fréquence, en intensité ou en durée risque d’engendrer des crises pour les ressources en eau, en nourriture et en énergie notamment. Les forces armées américaines pourraient donc être amenées à agir plus souvent pour résoudre des crises liées à des tensions pour les ressources naturelles ou pour apporter une aide humanitaire. En effet, les pays touchés risquent de ne pas avoir les capacités pour faire face à ces événements, en particulier s’il s’agit de zones déjà fragilisées ou dans un contexte politique instable » …
Où quand le climat – voire les armes climatiques ? – laisse la porte grand ouverte à une invasion humanitaire US …
SOURCES : Elisabeth Studer
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