jeudi 23 février 2012

Rase campagne (Ter)


Noël Labelle est journaliste professionnel depuis une dizaine d’années. Observateur attentif de la vie politique française, il a notamment couvert l’élection présidentielle de 2007 pour Le Quotidien Indépendant du Luxembourg. Il est aujourd’hui rédacteur en chef d’Agefi Magazine, en Suisse.
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Dernière ligne droite avant l’élection présidentielle. Les candidats, déclarés ou non, rivalisent de propositions censées nous sortir de la crise. Mais aucun n’ose aller à l’encontre des idées étatistes. Petit décryptage hebdomadaire de la langue de bois et de la mauvaise foi habituelle de nos politiciens.

• La médiocrité de la campagne actuelle doit servir de révélateur à tous ces citoyens français élevés dans la foi, faussement républicaine, de l’homme providentiel à la tête de l’État : le prochain président sera incapable de rendre sa compétitivité à la France, car il refusera de défaire le nœud étatiste qui étrangle l’économie. 

Aucun des candidats susceptibles de l’emporter n’a parlé de réduire la place de l’État. Certes, les troubles de la période actuelle les incite à évoquer la rigueur, c’est-à-dire la, mais cette rigueur a pour seul but d’atténuer les conséquences de la taille excessive de l’État en réduisant, via une « hausse des prélèvements », le déficit budgétaire et la dette.  

Elle ne s’attaque pas au fond du problème : le poids excessif de l’État dans l’économie. Comprenez bien : quel que soit l’élu, le contribuable français va payer très cher pour rembourser le train de vie de l’ogre étatique. Ne serait-il pas plus simple de réduire l’État et de libérer les énergies de ce pays et ainsi permettre un retour à la croissance ? 

« Laissez-nous faire » disait le marchand Legendre à Colbert, quand ce dernier lui demandait « que peut-on faire pour vous aider ? ». 
A l’époque, le contrôleur général des finances avait au moins eu la délicatesse de poser la question…

• Hollande ne serait donc qu’un menteur. Depuis quelques jours, l’équipe de Nicolas Sarkozy insiste – lourdement – sur le côté versatile du candidat socialiste qui dirait à chacun de ses  auditoires ce qu’il veut entendre. Aux militants PS, réunis en masse au Bourget, il dégaine contre la finance, qu’il qualifie même d’« ennemie ». Aux lecteurs britanniques du Guardianil se présente comme un libéral et tente de rassurer la City.
Diable, un homme politique qui dit tout et son contraire ! Quelle révélation ! Faut dire que Nicolas Sarkozy, lui, est un modèle de constance et d’honn...irc;teté dans ses propos… 

Hollande aime-t-il ou non la Finance ? On serait d’avis de lui suggérer de l’apprécier et même, de l’encourager. En Suisse, le secteur financier, employés et actionnaires compris, verse chaque année entre 14 et 18 milliards de francs d’impôts directs et indirects. Cela représente entre 12 à 15 % de toutes les recettes fiscales. Ce montant permettrait, par exemple, de financer chaque année, 18 Ecoles polytechniques fédérales ou de verser le salaire (suisse) de 150 000 enseignants du secteur primaire. Et dire que la finance n’est que le troisième secteur industriel de ce pays, après lepharmaceutique et l’horlogerie…

•  La France souffre d’une grande maladie : l’irresponsabilité. Quel que soit le problème, c’est de la faute de l’autre. L’autre ayant évidemment un visage différent selon le bord politique. Les candidats visent tous un responsable pour expliquer la crise : la finance, l’immigration, les délocalisations, la mondialisation… 

La politique française ne cesse de lire Sartre à l’envers. Les autres, c’est l’enfer ! Mais le comble revient à notre président qui ose fustiger les élites ayant « trahi en s’octroyant des rémunérations qui défiaient le sens commun. » Osé. Surtout de la part d’un homme élu depuis 1983 de l’une des communes les plus riches de France et qui s’est octroyé une augmentation de 140% de son salaire annuelle. Qui a prononcé le mot «schizophrénie » ?

• Petit rappel aux valeureux syndicalistes d’ArcelorMittal à Florange qui sont actuellement prompts à reprocher la situation de l’aciérie mosellane au président français : ArcelorMittal est une société privée de droit luxembourgeois, détenue à près de 60% par Lakshmi Mittal, de nationalité indienne, mais possédant un passeport britannique depuis plusieurs années. Ce qui veut dire que les pouvoirs publics français n’ont ni droit, ni poids sur les décisions de la direction de cette entreprise. Ce n’est pas injuste, c’est une réalité légale. Il faut faire avec. 
Évidemment, c’est toujours plus facile d’accepter cette vérité dans un pays qui a une croissance forte et un taux de chômage bas.

Quant aux promesses de Sarkozy sur l’intervention de l’État pour empêcher la fermeture du site, un peu de cohérence serait la bienvenue. Croire un professionnel de la politique n’est déjà pas très flatteur. Alors quand on ne vote même pas pour lui...

• Une campagne présidentielle permet tous les coups. Même ceux sous la ceinture. On ne s’attendait pas à ce qu’ils soient aussi bas. 

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