mardi 19 mars 2013

RUSSIE : La Russie impactée par les taxes imposées à Chypre : le gaz de Leviathan comme enjeu ?


D’une pierre deux coups ? Frappe par ricochet, fine stratégie  ?
Alors que les mesures de taxation envisagées par la zone euro et le FMI en contrepartie du plan  de sauvetage proposé à  Chypre devraient durement impacter l’économie chypriote dans son ensemble – et ce, alors même  que l’île est dotée d’une importance stratégique majeure dans la course aux hydrocarburesque mène actuellement l’état d’Israël contre Liban, Syrie, Égypte et Turquie en vue d’obtenir la suprématie sur lesimmenses champs gaziers de Leviathan – la Russie pourrait  elle  aussi grandement souffrir de la situation...

Selon des premières estimations réalisées dimanche à Moscou,  la taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires prévue dans le plan de sauvetage de Chypre devrait en effet gravement toucher les avoirs russes dans l’île.
Anatoli Aksakov, député et président de l’Association des banques régionales de Russie, a d’ores et déjà indiqué  que  « la confiance envers Chypre, comme un endroit sûr pour placer de l’argent », allait être réduite à néant. Tout en  ajoutant  que des experts avaient estimé que les avoirs russes à Chypre pourraient atteindre 20 milliards de dollars (15,4 milliards d’euros).
L’édition russe du magazine américain Forbes fait état  quant à elle de  chiffres beaucoup plus importants. Précisant  qu’au 1er septembre 2012, l’agence de notation Moody’s avait estimé à 19 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre.
Auxquels devraient s’ajouter12 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) d’avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes.
Selon les chiffres de  la presse économique  repris par Forbes, les avoirs de personnes physiques russes à Chypre se situeraient dans une fourchette comprise entre 8 et 35 milliards d’euros.


Selon Forbes, la nouvelle d’un prélèvement de 10% sur les dépôts dans les banques chypriotes a semé la panique parmi les hommes d’affaires russes figurant dans la liste des plus grandes fortunes.



Simple coïncidence ? Alors que les immenses champs gaziers au large de Chypre suscitent d’âpres convoitises, rappelons  qu’en juillet 2012, Erato Kozakou-Marcoullis, alors ministre chypriote des affaires étrangères, affirmait que – parmi 27 compagnies -  les deux géants gaziers russes Novatec et Gazprom  avaient exprimé leurs intérêts  vis à vis des 13 sites d’extraction offshores au large de l’île. « Expression d’intérêts »   suivant de peu une information selon laquelle Nicosie était en attente de l’acceptation par Moscou d’un prêt  de 5 milliards d’euros … Alors même que le président chypriote d’alors, Demetris Christofias, réputé «proche» du gouvernement Poutine avait jusque là laissé entendre que l’attribution de ce prêt «n’imposait aucune condition» et offrait «un meilleur taux d’intérêt» que l’offre européenne.
Par la suite, en septembre 2012, un porte-parole du ministère russe des finances déclarait  que «ces discussions  prendr(ai)ent du temps et « que rien n’a(vait) encore été décidé».
A la mi-décembre 2012, alors même que nous laissions entendre ici-même que les licences d’exploitation de l’immense champ gazier de Leviathan au large de Chypre pourraient être « monnayées » d’une certaine manière via la notation de la dette souveraine du pays et l’accord d’un prêt de la Banque centrale européenne et du FMI, le gouvernement chypriote avait  annoncé avoir mis fin aux négociations en cours avec un consortium franco-russe -  alliant la branche ENP de Total et le russe Novatec – lequel s’était vu attribuer une licence d’exploration de gaz dans ses eaux territoriales en octobre 2012.
Une annonce qui intervenait  quelques jours après  qu’un responsable gouvernemental chypriote ait indiqué que Chypre risquait de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre ni verser les salaires des fonctionnaires en l’absence d’un accord rapide avec la troïka formée par l’Union européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.
« Le gouvernement a décidé de mettre fin aux négociations directes car elles se sont avérées insatisfaisantes », avait ajouté le porte-parole  du gouvernement chypriote,  sans fournir de plus amples détails. Ajoutant toutefois que les autorités allaient désormais négocier l’attribution du bloc 9 avec un consortium établi entre le groupe pétrolier italien ENI et le sud-Coréen Kogas. Ce qui  est désormais chose faite depuis janvier 2013. La compagnie française Total demeurant quant à elle toujours dans la course en ce qui concerne l’exploitation du bloc 11. Le gouvernement ayant parallèlement décidé de négocier avec elle l’attribution du bloc 10.
Autre  coïncidence ? Lundi 18 mars  le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, sera à Moscou en vue de discuter de la possibilité d’allouer un crédit à la nation chypriote voire même d’étendre de 2,5 milliards d’euros les sommes empruntées tout en traitant d’une éventuelle réduction des intérêts de ce prêt. Autres scenarii à l’étude : une participation accrue de la Russie dans la Banque (nationale) de Chypre ainsi que la participation d’investisseurs russes dans la Banque populaire de Chypre.
Précisons enfin qu’en décembre 2010 un accord a été signé entre Israël et Chypre en vue de faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d’hydrocarbures – de part et d’autre – dans la partie orientale de la Méditerranée … de gigantesques réserves de gaz  ayant été alors découvertes dans la zone. Désormais, selon les contrôles de la commission gouvernementale israélienne mise en place pour gérer un fonds d’exploitation des ventes, les recettes prévues des gisements « Léviathan », « Tamar » et « Dalit » se monteraient à 100 voire à 130 milliards de dollars jusqu’en 2040.
« Alors, quoi de plus normal que de voir les Turcs, les Libanais, les Syriens et les Palestiniens se réveiller pour réclamer leur part de propriété sur ces zones maritimes, qui n’avaient jusqu’alors attiré l’attention de personne ? » …. s’interrogeait en 2012 la presse israélienne. Laissant augurer d’un conflit important … la démarcation des frontières maritimes en Méditerranée  pouvant se révéler  être un dossier d’autant plus explosif que la région est dotée d’immenses réserves énergétiques.
Sources : AFP, Ria Novosti, La Voix de la Russie, Europolitique

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