mardi 8 mars 2011

Libye - Les rebelles auraient repoussé une offre de retrait de Kadhafi


Un combattant rebelle réplique à un raid de l’aviation libyenne à Ras Lanouf.<br />
Photo : Agence Reuters Goran Tomasevic.

Le Devoir   8 mars 2011  Afrique
Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a proposé aux insurgés de réunir le Congrès général du peuple, qui fait office de Parlement, afin qu'il puisse se retirer selon certaines conditions, a fait savoir hier soir la chaîne Al Jazira. L'offre a toutefois été balayée du revers de la main par les rebelles.

À Washington, la pression montait autour du président des États-Unis, Barack Obama, afin que les forces armées américaines fournissent une assistance militaire aux insurgés, en neutralisant l'aviation libyenne, soit par la création d'une zone d'interdiction aérienne, soit par la destruction des pistes des aéroports.

La Maison-Blanche a indiqué hier que l'idée d'armer l'insurrection contre le régime était une option, tout en assurant qu'il est «prématuré» de se lancer dans une telle opération à l'heure actuelle.

Les diplomates français et britanniques, qui s'affairent à rédiger un projet de résolution des Nations unies établissant une zone d'exclusion aérienne, comptaient faire connaître le fruit de leurs efforts cette semaine.

D'ailleurs, les monarchies arabes du Golfe se sont déclarées favorables à la mise en place par l'ONU d'une zone d'exclusion aérienne «pour protéger les civils» en Libye, alors que la Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, s'est dite opposée à toute ingérence militaire étrangère.

Le secrétaire général de l'OTAN a souligné que les attaques contre des civils pouvaient être considérées comme des crimes contre l'humanité et que la communauté internationale ne pourrait pas rester passive si elles se poursuivaient. «Je ne peux pas imaginer que la communauté internationale et les Nations unies resteront les bras croisés si Kadhafi et son régime continuent de s'en prendre à leur peuple», a dit le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. «Nous avons demandé à nos militaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour être prêts à intervenir rapidement», a-t-il ajouté.

Anticipant l'adoption éventuelle d'une telle résolution, l'OTAN a mobilisé des avions de reconnaissance Awacs pour surveiller la Libye 24 heures sur 24, a annoncé l'ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, Ivo Daalder.

Devant cette mobilisation, un fils de Kadhafi a de nouveau brandi des menaces. Il a affirmé que son père n'avait pas encore jeté toute son armée dans la bataille et qu'un départ du dirigeant libyen déboucherait à coup sûr sur une guerre civile. Les tribus se ligueraient les unes contre les autres et la Libye deviendrait une nouvelle Somalie, a affirmé Saadi Kadhafi dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Al Arabia.

Un million de réfugiés

L'ONU a lancé hier un appel de fonds de 160 millions de dollars pour aider les victimes, alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avançait déjà le 25 février le chiffre de plus de 1000 morts.

D'après les Nations unies, plus d'un million de personnes ayant fui la Libye ou prises au piège dans les violences à l'intérieur du territoire ont besoin d'une aide d'urgence. La priorité des secours est d'accéder à Misrata, a déclaré à Genève Valérie Amos, qui dirige le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). «Des gens sont en train de mourir», a-t-elle dit sans détour.

Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 personnes déplacées se dirigent vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.

Trois raids aériens des forces fidèles à Kadhafi ont visé hier le port pétrolier stratégique de Ras Lanouf, pris vendredi par l'insurrection. Des rebelles ont toutefois répliqué avec l'artillerie antiaérienne. Dès l'aube, des habitants avaient fui la ville côtière située à 300 km au sud-ouest de Benghazi, par crainte des combats qui avaient déjà chassé les insurgés de Ben Jawad, à une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest.

Sur la route, un véhicule équipé de haut-parleurs crachait des instructions aux insurgés. «N'allez pas au front devant l'armée. Le pétrole est entre nos mains», vociférait la voix dans le haut-parleur, laissant entendre que le village de Ben Jawad, où les combats ont fait au moins 12 morts et plus de 50 blessés dimanche, ne valait pas un tel sacrifice.

À Misrata, troisième ville du pays, tenue par l'opposition à 150 km à l'est de Tripoli, les combats ont fait 21 morts dimanche, en majorité des civils, dont un garçonnet, selon un médecin.

Les forces pro-Kadhafi ont attaqué la ville à l'arme lourde pendant toute la journée, a raconté le médecin. «Ils ont tiré sur des civils et des bâtiments. Les rebelles ont riposté et réussi à pousser les forces de Kadhafi hors de la ville», a-t-il ajouté.

Non loin de là, à Zenten, une offensive des forces loyales à Kadhafi dans la nuit de dimanche à hier a été repoussée par les habitants qui ont saisi des armes et de la nourriture, selon un témoin qui a vu au moins cinq corps.

***

D'après l'Agence France-Presse et Reuters

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires sont ouverts a tout le monde. La liberté d'expression est pleine et entière...
Merci, toutefois, de savoir respecter les commentaires des uns et des autres et de modérer vos propos. Cordialement votre.