dimanche 3 avril 2011

Côte d'Ivoire : la guerre civile dégénère en catastrophe humanitaire

Les rues de la capitale économique de Côte d'Ivoire sont désertées, seuls les pillards s'y aventurent. Les combats entre forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara continuent dans le quatier du Plateau, sans qu'unacun camp ne progresse.

Après les affrontements à l'arme lourde de samedi autour du palais présidentiel et de la résidence de Gbagbo. Dimanche, les combats ont diminué d'intensité. La force française Licorne a pris le contrôle de l'aéroport d'Abidjan.

La bataille pour le contrôle d'Abidjan s'annonce rude. Les deux camps qui s'opposent, les troupes et les miliciens des « jeunes patriotes » fidèles à Laurent Gbagbo et les combattants de Guillaume Soro et d'Alassane Ouattara, le président élu et reconnu par la communauté internationale, se préparent aux confrontations finales dans une ville tenaillée par la peur.
La nouvelle des massacres dernièrement découverts glace les esprits.

La Croix-Rouge estime à plus de 800 les personnes exécutées dans la seule journée de mardi à Duékoué, une ville dans l'ouest du pays, dans le cadre de « violences intercommunautaires ». Selon la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire, les féroces tueries auraient été perpétrées « pour la plupart » par les partisans de Ouattara et de Soro  : des quelque 330 victimes découvertes, une centaine environ auraient été exécutées par les affidés de Gbagbo et les autres par les miliciens ennemis.  Le porte-parole des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) d'Ouattara et de Soro nie toute responsabilité dans les tueries en prétendant ne s'être attaqué qu'à des miliciens.


Proche du Liberia et de la Guinée, la ville de Duékoué est principalement habitée par les Wés, plutôt favorables au président sortant. Les affrontements intercommunautaires entre les Wés (ethnie constituée par les peuples Wobés et Guérés) et les ethnies du Nord, les Dioulas et les Burkinabés avant tout, qui constituent le fer de lance des FRCI, y sont récurrents La guerre civile les a rendus beaucoup plus violents.
Les massacres ethniques semblent ainsi s'ajouter aux exodes massifs. « Près de 500.000 personnes ont fui leur habitation depuis le début de la crise », avance Michel Galy, un sociologue spécialisé dans les conflits en Afrique de l'Ouest, dans un entretien à « L'Express ». « Les Sahéliens, les "Néo-Dioulas" du Nord, fuient davantage à l'extérieur du pays, vers le Burkina Faso et le Mali. Ceux qui sont en pays Bété (ouest) partent vers le Ghana ou le Liberia, qui a vu arriver depuis quelques semaines entre 80.000 et 100.000 réfugiés ivoiriens », précise-t-il. La crise humanitaire s'exporte en « Guinée, en Mauritanie, au Sénégal et au Nigeria, dont les ressortissants sont nombreux en Côte d'Ivoire ».
 
Si la guerre civile creuse un peu plus les divisions communautaires, le seul à en faire les frais sera Alassane Ouattara, dont la capacité de garder la Côte d'Ivoire unie en ressortira considérablement affaiblie. « Aucun des deux "présidents" ne peut prétendre pouvoir gouverner le pays dans son intégralité. Depuis plus de dix ans, la Côte d'Ivoire est coupée en deux et cette nouvelle crise n'a fait qu'approfondir la cassure », jugeait à la mi-mars déjà l'écrivaine et universitaire Véronique Tadjo, interrogée par RFI.
Merci qui ? Si la France ne s'était pas mise ainsi les "pieds dans le plats" pour soutenir l'un au détriment de l'autre, rien de cela n'aurait pu avoir lieu. 

Source de MASSIMO PRANDI

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