De nombreuses manifestations ont lieu dans les pays arabes aujourd'hui, notamment au Yémen où déjà des dizaines de milliers d'opposants étaient dans la rue hier à Sanaa. Petit tableau de la situation pays par pays.
Source : Par Delphine Dauvergne de Témoignage Chrétien
Source : Par Delphine Dauvergne de Témoignage Chrétien
Maroc
Les premières manifestations ont commencé il y a un mois, à l'appel du "Mouvement du 20 février" initié sur Facebook. L'appel est soutenu notamment par l'association Justice et Bienfaisance, principal mouvement islamiste au Maroc, ainsi que par l'Association marocaine des droits humains. Dimanche 27 mars, des milliers de Marocains ont défilé pour réclamer plus de justice sociale. Une semaine plus tôt, ils étaient déjà 35 000 à manifester pour la démocratie et contre la corruption, malgré les réformes annoncées le 9 mars par le roi Mohammed VI. Une commission de révision de la Constitution devrait y inscrire l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et le renforcement des pouvoirs du Premier ministre. Un premier pas vers une monarchie parlementaire.
Syrie
Le 15 mars, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Damas pour "une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence ni tribunaux d'exception". Depuis, les manifestations se multiplient mais la répression est violente. A Deraa, ville au centre de la contestation, on évalue à plus d'une centaine le nombre de manifestants tués par les tirs des forces de sécurité. Malgré les promesses de mesures anti-corruption et d'augmentations de salaire pour les fonctionnaires, les manifestations se poursuivent.Le 25 mars, le président Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000, a annoncé la libération de 260 détenus politiques. Le lendemain, l'armée est entrée à Lattaquié dans le nord-ouest où des accrochages ont fait 13 morts et plus de 150 blessés.
Près d'un million de Syriens ont participé à des manifestations pro-Assad le 29 mars. Lors de son discours devant le Parlement mercredi 30 mars, le président a dénoncé la "conspiration" contre son pays. Il a accepté la démission du Premier ministre Naji Otri avant de le nommer Premier ministre par interim en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. Une commission de juristes a été chargée d'examiner une levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, il devrait être remplacé par une législation sur la lutte contre le terrorisme. La commission terminera ses travaux d'ici le 25 avril.
Des appels à manifester ce vendredi 1er avril ont été lancés sur Internet, toujours pour réclamer une libéralisation du régime.
Yémen
Depuis le 21 février, un sit-in est tenu devant l’université de la capitale, Sanaa, pour obtenir la chute du régime. A la tête du pays depuis 32 ans, le président Ali Abdallah Saleh a été obligé le 20 mars de limoger son gouvernement après la démission de trois ministres. Une mesure insuffisante pour l’opposition.La répression a déjà fait plus de 50 morts et des centaines de blessés. Suite à ces violences le Parlement avait approuvé l’instauration de l’état d’urgence le 23 mars. Deux jours plus tard, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur deux places distinctes de Sanaa : d’un côté les partisans du président et de l’autre ses opposants réclamant son départ.
Ali Abdallah Saleh a fait de nouvelles concessions mercredi 30 mars, proposant de demeurer à son poste jusqu'à la prochaine élection prévue en 2013 tout en transférant ses pouvoirs à un gouvernement de transition.
Des dizaines de milliers d'opposants ont manifesté à Sanaa jeudi 31 mars en mémoire des 82 manifestants morts depuis le début de la contestation et pour le départ du chef de l'Etat. Le président a appelé ses partisans à une nouvelle démonstration de force ce vendredi 1er avril, alors que ses opposants poursuivent leur mobilisation. Lâché par une partie des militaires, les tribus, les dignitaires religieux, le président s’apprêterait à quitter le pouvoir.
Jordanie
Les manifestations se poursuivent depuis trois mois, mais le départ du roi Abdallah II, au pouvoir depuis 12 ans, n'est pas exigé. Le 24 mars, des centaines de jeunes campaient sur la place Abdel Nasser à Amman pour réclamer des réformes et moins de corruption. Suite aux attaques de loyalistes contre les manifestants, la police a décidé de démonter le campement des « jeunes du 24 mars ».Les premiers affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants à Amman le 25 mars ont fait un mort et plus de 130 blessés. Le lendemain, l'opposition a exigé le départ du Premier ministre Maarouf Bakhit. Le roi Abdallah II a reçu le 29 mars la Commission de dialogue, suite à la démission de 15 ses membres qui ont voulu protester contre les violences des loyalistes. Le roi s'est engagé à ne pas permettre des obstructions au processus de réforme et a interdit aux loyalistes de manifester dans la capitale.
Avec des milliers de manifestants mobilisés pour soutenir leur roi, le pays n'est pas encore prêt à changer de régime. Néanmoins, des jeunes membres des Frères musulmans prévoient un sit-in ce vendredi 1er avril devant la mairie d'Amman.
Oman
Depuis fin février, les Omanais manifestent pour obtenir la démission de plusieurs ministres accusés de corruption, plus de liberté et des emplois accompagnés de salaires corrects. Le 5 mars, le sultan Qabous Ben Saïd Al-Saïd, au pouvoir depuis 40 ans, a limogé deux ministres et annoncé la création de 50 000 emplois, des aides pour les chômeurs, ainsi que la mise en place d'une commission pour donner plus de pouvoir à l'assemblée consultative élue.Le sultan a aussi décidé le 12 mars de transférer des pouvoirs législatifs qu’il monopolise. Les Omanais, lassés des annonces, manifestaient toujours le 23 mars à Muscat, la capitale.
A Sohar, à 200 km au nord de Mascate, l'armée a délogé mardi 29 mars une poignée de protestataires qui observaient depuis un mois un sit-in pour réclamer des réformes. Le site est devenu un symbole pour les protestataires omanais après la mort d'un manifestant, tué fin février par les forces de sécurité près d'un poste de police à Sohar. Malgré ces résistances, la situation n’a pas encore atteint l’ampleur des révoltes voisines.
Algérie
Depuis les émeutes contre la vie chère de janvier qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés, les Algériens continuent de se mobiliser malgré la levée de l'état d'urgence – instauré depuis 1992 - , le 24 février, et les réformes annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika le 19 mars. Dimanche 27 mars quatre sit-in se sont tenus et un enseignant contractuel a tenté de s'immoler devant la présidence de la République. La veille une marche à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a été empêchée par la police à Alger.La CNCD-partis politiques a rendu publique le 27 mars une « plateforme pour le changement démocratique » et maintient les manifestations du samedi. L’agitation sociale continue mais a des difficultés à se transformer en contestation politique. Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a assuré mercredi 30 mars que "L'Algérie ne vit pas une crise politique mais plutôt des crises sociales qui ne nécessitent ni la dissolution du parlement ni un changement de système politique".
Égypte
La réforme de la constitution a été acceptée par 77,2% des Égyptiens le 19 mars. Le texte prévoit notamment d'imposer une limite de deux mandats présidentiels de quatre ans. Le pays n'est pas encore apaisé. Le 25 mars, des heurts ont éclaté entre des partisans d'Hosni Moubarak et des opposants qui demandent que le nom du président déchu soit retiré des institutions publiques. Au Caire une manifestation est prévue place Tahrir le 1er avril, à l'appel de mouvements ayant participé au soulèvement, notamment pour réclamer un jugement du président, de sa famille proche et de plusieurs figures de l'ancien régime. Le Conseil suprême des forces armées envisage de reporter de six mois le scrutin présidentiel initialement prévu en décembre 2011.Tunisie
Ancien ministre sous Bourguiba, réputé libéral, Béji Caïd Essebsi est Premier ministre de la Tunisie depuis un mois. Le 7 mars, son gouvernement a été approuvé par le président par intérim Fouad Mébazzaâ. Cette nouvelle équipe ne compte plus aucun ministre ayant servi dans le dernier gouvernement du président Ben Ali. Autre symbole, lundi 28 mars, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, a été définitivement dissout. Les Tunisiens sont conviés aux urnes le 24 juillet prochain pour élire une assemblée constituante. Cette assemblée sera chargée de rédiger une nouvelle constitution et de mettre fin à la transition en cours.Béji Caïd Essebsi s’est exprimé mercredi 30 mars pour tenter de rassurer l’opinion tunisienne sur l’évolution de la transition. Mais un nouveau sit-in est prévu ce vendredi 1er avril à la Kasbah, où deux précédentes manifestations avaient conduit à la chute des deux premiers gouvernements de transition.
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