jeudi 31 mars 2011

Libye : le pétrole grimpe

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Le point jeudi 31 mars sur la situation en Libye, plus d'un mois après le début de l'insurrection. 

Sur le terrain. L'Otan a commencé mercredi à assurer le commandement des opérations aériennes de bombardement sur la Libye en prenant la suite de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Au 12e jour de l'intervention, le cap des 2.000 sorties aériennes a été franchi mercredi, dont 60% par des avions américains, selon le Pentagone. Les opérations ont été lancées le 19 mars pour faire cesser plus d'un mois de répression d'une révolte populaire entamée le 15 février.

Ces frappes interviennent alors que les rebelles ont dû faire marche arrière. Les forces du régime libyen se sont emparées du site pétrolier de Ras Lanouf, forçant les rebelles à abandonner leurs positions et à fuir plus à l'est, vers Brega notamment. Selon des témoignages recueillis par l'AFP à une trentaine de kilomètres de Brega, les affrontements font rage dans la ville située à 800 km à l'est de Tripoli.
Les rebelles ont dressé un point de contrôle à l'est de la ville, sur la route d'Ajdabiya, et il n'était pas possible de savoir qui tenait le terminal pétrolier. Les pro-Kadhafi ont également pilonné Misrata à l'artillerie lourde où l'offensive a fait 18 morts selon un médecin de l'hôpital.

Sur le terrain, des "petits groupes" d'agents de la CIA sont déployés pour prendre contact avec la rébellion et guider les frappes de la coalition, selon le New York Times de mercredi. La chaîne ABC a assuré que le président Barack Obama avait donné l'autorisation d'aider secrètement les rebelles.

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De même source, "des dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d'agents du service d'espionnage MI6 travaillent en Libye", en particulier pour recueillir des renseignements sur les positions des forces loyalistes. Réagissant à ces révélations,  la Maison Blanche a refusé "de s'exprimer sur des questions de renseignement".

Sur le plan politique. Au plan politique, le colonel Kadhafi a subi un grave revers avec la démission de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales figures du régime, annoncée à son arrivée mercredi soir à Londres, après un bref séjour en Tunisie. Un haut responsable américain a qualifié cette défection de "très importante", estimant qu'elle montrait que l'entourage de Mouammar Kadhafi n'avait plus confiance dans la solidité du régime. "Nous encourageons ceux de l'entourage de Kadhafi à le quitter", a déclaré de son côté le Foreign Office. Toutefois son patron, William Hague, a indiqué que Londres n'offrira pas l'immunité à Moussa Koussa.


Sur le plan diplomatique. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a fait savoir jeudi qu'il s'opposait à l'idée d'armer les rebelles. Une question qui fait débat. Si Washington, Paris et Londres n'excluent pas de fournir des armes aux rebelles, pour la Norvège et le Danemark, ce n'est pas d'actualité. En France, contrairement au ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, le ministre de la Défense Gérard Longuet a assuré que ce n'était "pas à l'ordre du jour" car non "compatible" avec la résolution 1973 de l'ONU. Le président chinois Hu Jintao a fait savoir mercredi que les frappes aériennes pourraient violer l'esprit de la résolution de l'Onu.

La veille, une quarantaine de pays et d'organisations régionales ont confirmé officiellement la création d'un "groupe de contact" sur la Libye chargé du pilotage politique de l'opération internationale, dont l'Otan a pris en main le volet militaire jeudi à 6 heures GMT (8 heures françaises). Ce groupe a affiché son unité autour du constat que Mouammar Kadhafi doit partir, tandis que les Etats-Unis et la France évoquaient un armement des insurgés pour l'y contraindre.

En marge de la réunion à Londres, le Conseil national de transition (CNT) de l'opposition libyenne a enregistré plusieurs avancées. Mahmoud Jibril, son responsable des affaires internationales, a rencontré les ministres des Affaires étrangères américaine, britannique et français. Un émissaire américain était attendu à Benghazi, fief de la rébellion, où un diplomate français, Antoine Sivan, a pris ses fonctions auprès de l'opposition libyenne. Ainsi conforté, le CNT a promis des "élections libres et justes" et souligné ses "aspirations à un Etat uni, libre et moderne". Il a aussi insisté pour que "les crimes" commis par le colonel Kadhafi ne restent "pas impunis".


Sur le plan humanitaire. Un navire humanitaire a pu apporter de l'aide jeudi aux habitants de Misrata. Rome a affirmé craindre une vague d'au moins 200.000 à 300.000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi qui a prévenu que des milliers de migrants pourraient rejoindre l'Europe. Les raids de la coalition internationale ont fait "environ 100 morts" parmi les civils en Libye depuis le début de son offensive, selon un bilan provisoire donné jeudi par Moussa Ibrahim, un porte-parole du régime. Depuis le 15 février, la répression sanglante de l'insurrection a fait au moins des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir le pays.

Sur le plan économique. Le régime a prévenu mercredi qu'il poursuivrait toute compagnie pétrolière concluant un accord pétrolier avec la rébellion, qui contrôle des sites pétroliers dans l'Est du pays. Selon les insurgés, les champs pétroliers des régions qu'ils contrôlent produisent actuellement 100.000 à 130.000 barils par jour. Les exportations d'or noir du pays, qui s'élevaient avant le début des troubles à 1,3 million de barils par jour, sont quasiment à l'arrêt. L'opposition projette d'exporter du pétrole d'ici "moins d'une semaine", a déclaré un porte-parole rebelle, Ali Tarhoni, ajoutant que la rébellion a délégué au Qatar la commercialisation.

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Cours du baril de pétrole. Les cours du pétrole grimpaient nettement jeudi dans un regain d'inquiétude sur la situation en Libye et ses conséquences sur la reprise des exportations du pays. Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 116,83 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,70 dollar par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 1,66 dollar à 105,96 dollars. Le cours du WTI est monté jusqu'à 106,77 dollars, se rapprochant d'un sommet depuis septembre 2008 atteint le 7 mars (116,95 dollars).

Les sanctions. Les dirigeants des pays européens se sont dit prêts à renforcer leurs sanctions contre le régime du colonel Kadhafi en le privant de tous revenus pétroliers et gaziers, pour qu'il ne puisse plus recruter de mercenaires. Et ils ont appelé l'Onu à endosser cette mesure. Les Pays-Bas ont gelé pour 3,1 milliards d'euros d'actifs appartenant au régime libyen, conformément aux sanctions décrétées par l'Union européenne.
Selon les médias britanniques, le colonel Kadhafi possède environ 20 milliards de livres (23,1 milliards d'euros), principalement à Londres. Le second enfant du colonel libyen, Seif Al-Islam Kadhafi, détient également à Londres une maison estimée à 10 millions de livres (11,6 millions d'euros). Or les autorités britanniques ont gelé pour 12 milliards de livres (13,9 milliards d'euros) d'actifs libyens au Royaume-Uni.

Immigration illégale. Le chef du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil, a assuré lundi soir que son mouvement combattrait l'immigration illégale s'il parvenait au pouvoir. "Nous participerons (aux efforts) pour stopper l'immigration clandestine en les empêchant (les clandestins) d'entrer en Libye et en combattant les organisations criminelles qui le permettent", a-t-il affirmé à la télévision italienne.


Sources : 

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