vendredi 24 juin 2011

Etats Unis : Nucléaire, rien ne va plus à Fort Calhoun...

A Fort Calhoun, Nebraska, USA, le niveau de l’eau continue de monter :  3 pieds (soit près d’un mètre) pendant le week-end à la jauge de Brownville, et la digue de terre qui semblait avoir tenu dimanche est sur le point de céder. 
On en sait maintenant un peu plus, même si Obama a décidé de mettre une chape de plomb sur le dossier. 


par Olivier Cabanel
Finalement, le nucléaire, c’est souvent juste une histoire d’eau. A Fukushima, c'est un défaut de refroidissement qui a provoqué la fusion des réacteurs, et la situation que nous connaissons. A Fort Calhoun, comme à Cooper, c’est aussi l’eau qui pose problème…. Ailleurs la pluie qui tombe entraîne avec elle la radioactivité.
Fort Calhoun, le niveau de l’eau continue de monter :  3 pieds (soit près d’un mètre) pendant le weekend end à la jauge de Brownville, et la digue de terre qui semblait avoir tenu dimanche est sur le point de céder.
On en sait maintenant un peu plus, même si Obama a décidé de mettre une chape de plomb sur le dossier. Etonnant de la part d’un président qui prônait un changement radical, et qui s’est ouvertement tourné vers les énergies propres et renouvelables.lien
Décidément la politique du secret est toujours de mise, en matière de nucléaire, quel que soit le pays menacé.
Cette injonction présidentielle est confirmée dans un rapport émanant de la FAAE(agence de l’énergie atomique russe) qui affirme qu’Obama aurait décidé d'imposer un silence médiatique sur la situation à Fort Calhoun et à Cooperlien
Le silence concernant les pollutions nucléaire n’est pas une nouveauté aux USA, et l’on a appris le 20 juin 2011, qu’une importante fuite de tritium, avait contaminé nappes phréatiques, et puits en Illinois et en Minnesotalien
En 2008, 7,5 millions de pico curies par litre, soit 375 fois la limite en Illinois. En 2002, de l’eau potable contenant 750 fois la limite autorisée a été proposée aux consommateurs du Delaware, et en 2009 les citoyens du New Jersey ont bu de l’eau qui avait été mesurée à 540 fois la limite fixée par les normes. lien
Mais revenons au Nebraska. Le réacteur de Fort Calhoun a une puissance de 478 MW, et il était à l’arrêt depuis le 9 avril, suite à un rechargement d’un tiers du combustible et du coup les piscines de refroidissement contiennent 670 tonnes de combustible usagé, ce qui correspond à une radioactivité de 100 millions de curies, soit plus de césium 137 que ce qui a déjà été relâché à Fukushima. lien
Rappelons que le césium 137 à une demi-vie (ou période de 30 ans) ce qui signifie qu’au bout de 30 ans il a perdu la moitié de sa virulence, et pendant les 30 ans qui suivront, il perdra la moitie de sa radioactivité restante, etc . Autant dire qu’il reste dangereux pendant près d’un siècle.
La centrale se trouve à une altitude de 306 mètres (1004 pieds) au dessus du niveau de la mer et elle est actuellement en alerte maximale, encerclé par les eaux duMissouri. Selon la NRC (nucléar regulatory commission) le 15 juin le niveau de l’eau avait atteint 1005 pieds et 7 pouces, et pourrait atteindre 1006 pieds et 4 pouces dans les jours à venir.
On sait aussi qu’un incendie s’était déclaré dans une armoire électrique le 7 juin, privant pendant 90 minutes la piscine de refroidissement, laquelle contenait le combustible usagé, encore chaud. Selon d’autres sources, il pourrait y avoir dans cette piscine du combustible non utilisé, en attente de chargement, ce qui représente un risque supplémentaire. lien
Il faut savoir que l’arrêt du refroidissement d’une piscine comportant du combustible, même usagé, peut avoir des conséquences graves, car si le combustible n’est plus refroidi, il peut alors fondre et détruite les gaines dans lesquelles il est contenu, et on peut assister à l’emballement d’une réaction de fission.
Près d’une semaine après, un rejet d’eau, qui pourrait être radioactive, de près de400 litres à la minute, pendant une durée indéterminée a été suivie le 17 juin, d’une annonce de l’exploitant OPPD (Omaha Public Power District) signalant « un trou » dans le sol, qui aurait pu affecter le système de sécurité. lien
D’après le RSOE (emergency and disaster information service) le risque a été évalué à 4 sur l’échelle INES mais d’autres sources évoquent le chiffre de 2.
C’est la Croix Rouge qui est chargée de préparer l’évacuation des 10 000 personnes menacées par l’inondation, et il semble que ces populations ne soient pas informées du risque d’un accident nucléaire. lien
Dans l’autre centrale nucléaire du Nebraska, celle de Cooper district, au sud deBrownville, la situation n’est guère meilleure. Le 19 juin à 4h02 du matin, les autorités ont publié la « notification d’un événement inhabituel » face à la montée des eaux. Le 20 juin, le niveau de l’eau a atteint les 13,60 mètres, et à 13,90, la centrale sera arrêtée pour des raisons de sécurité évidentes.
En fait, suite aux pluies abondantes, les autorités avaient relâché l’eau de 2 barrages, suivant la procédure habituelle décidée lorsque le niveau du fleuve atteint les 899 pieds au dessus du niveau de la mer. En haut lieu, on dénonce les annonces catastrophiques qui seraient exagérées, et on fait tout pour calmer le jeu.
A la lecture d’un rapport publié en 2010 par l’autorité de sureté nucléaire américaine on apprend que la centrale nucléaire de Fort Calhoun n’avait pas de procédure de protection contre les inondations, de quoi inquiéter légitimement les riverains de la centrale. lien
Une inspection conduite par la NRC entre janvier et juin 2010 avait mis en évidence que les installations de Fort Calhoun n’étaient pas conformes, et qu’il y avait un risque de dysfonctionnement de certains système de refroidissement en cas d’inondation.
D’autre part, il resterait encore les 2/3 de combustible actif dans le cœur du réacteur (bulletin de « atomic scientist » Dawn Stover-16 juin 2011). lien
Tom Burnett, journaliste au « Hawaii news Daily » évoque la possibilité de fuites radioactives dans le Missouri, et s’étonne, dans un article d’opinion, de l’optimisme des autorités face à une situation qu’il juge grave. lien
Fukushima, rien n’a été réglé, bien au contraire, puisque Greenpeace Japon nous apporte de bien mauvaises nouvelles. Les 290 000 habitants de la ville de Fukushima, située à 60 km au nord-ouest de la centrale, sont en danger.
Le « Shukan Gendai », hebdomadaire japonais, va publier le 24 juin, un rapport réalisé par Greenpeace dans lequel on apprend que la norme de rayonnement autorisée est dépassée parfois de 10 fois. lien
Le 24 avril, la préfecture de Fukushima avait restreint l’utilisation des 5 jardins publics de la ville à une heure par jour, puisqu’un rayonnement dépassant 3,8 mS/h (microsieverts/heure) avait été détecté. Or le 6 juin, la préfecture à levé sa mesure.
Le 7 juin, Greenpeace Japon a décidé de mesurer la radioactivité, grâce à un appareil sophistiqué qui permet non seulement de la mesurer, mais aussi d’identifier les nucléides, et du cobalt 60 a été détecté. Rappelons que le cobalt 60, dont la « demi-vie » est de 5 ans, peut induire des affections pulmonaires et provoquer des anomalies fœtales.
Avec cet appareil, ils ont mesuré un tas de terre à 6,3 mS/h, un tas de feuilles mortes à 4,2 mS/h, le sol a 9,1 mS/h, et même une zone à l’entrée des toilettes publiques à 12,5 mS/h. Pour Greenpeace la seule mesure à prendre devrait être une évacuation massive des habitants de la ville. Ce n’est manifestement pas à l’ordre du jour.
Tokyo, ce n’est guère mieux, puisque des radiations ont été mesurées à 6,39 mS/h. A Fukushima, après avoir évoqué avec la plus grande sérénité la pose prochaine d’une structure en plastique au dessus du site, laquelle ne résisterait pas à une explosion majeure, l’installation qui devait permettre la décontamination de l’eau a du être arrêtée. Elle n’aura fonctionné que 5 heures.
Le processus cataclysmique ne cesse de prendre de l’ampleur, alors que les médias traditionnels se plongent dans un mutisme coupable et scandaleux. Selon le Professeur Christopher Busby, membre du « europeean committee on radiation frisks », la situation est bien plus grave que ce que l’on prétend. (video anglaise)
Pour Arnold Gundersen, et Shoji Sawada, experts en la matière, le refroidissement par eau mis en place depuis la catastrophe ne peut que retarder le pire.
Comme l’écrivent Jean Paul Baquiast et Christophe Jacquemin, « une fois les nappes phréatiques ou les couches terrestres profondes atteintes, ce ne serait pas seulement une large périphérie autour de Fukushima qui deviendrait inhabitable, mais sans doute la ville de Tokyo elle-même ».
En France, et ailleurs, les pétitions se multiplient : sur ce lien, on peut signer une pétition pour la fermeture définitive des 4 réacteurs du Tricastin et « l’appel pour Fukushima » sur cet autre lien.
Le Monde va-t-il enfin se décider à abandonner définitivement cette énergie désuète, chère et dangereuse ? N’est-il pas déjà un peu trop tard ?
Car comme dit mon vieil ami africain :
« En fuyant la pluie, on rencontre la grêle ».

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